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mardi 30 août 2005

Pixies - Rock En Seine, Paris (25/08/2005)


Revoir les Pixies 14 ans après leur tournée "Trompe Le Monde" c’est à la fois excitant et inquiétant... N’est–ce pas un peu pathétique de tenir tant que ça à revoir un groupe qui n’existe plus depuis des années et qui s’est reformé pour d’obscures raisons qui tiennent plus du domaine financier qu’artistique ? N’est-ce pas un peu une envie égoïste de fans trentenaires en quête de souvenirs de leur jeunesse d’antan ? Mais quel désir malsain poussent les 15/25 ans à vouloir connaître sur scène un groupe qui avait déjà ‘splitté’ de façon violente quand ils ont découvert et acheté leurs albums ?
Cela tient sans nul doute à la force des morceaux de Black Francis et ses acolytes, qui ont su traverser les années et parviennent toujours à toucher les plus inconditionnels et les fans les plus jeunes.
Quand le toujours plus gros Frank, Joey Santiago ses cheveux en moins, Dave quelques rides en plus et surtout Kim Deal arrivèrent sur scène, il fallait être là, dans ce coin gauche non loin de la scène, où la joie et l’hystérie s’emparèrent des fans plus ou moins jeunes. Premier choc : visuel, une Kim Deal bouffie, le visage transformé par les années, alcool et drogues en tout genre plus rien à voir avec la jeune fille sexy des débuts 1990 mais un sourire toujours aussi magique, une envie, un plaisir d’être là qui occulte tout le reste.
Le set démarre et là une angoisse folle s’empare de moi : la version hyper mollassonne de "Wave Of Mutilation" me fait craindre le pire. Est-ce que, comme dans mes cauchemars les plus fous, Black Francis a décidé de nous rejouer tous les titres des Pixies façon Frank Black à la sauce "Honeycomb" !?! Kim Deal s’y met, et je trouve cela toujours aussi mou et même mal chanté, encore deux titres pas trop péchus et je me fais une raison : ils ont vieilli, c’est normal, c’est pas grave, fallait pas rêver, je suis déjà contente d’être là, de les voir tant pis pour la magie d’antan...
C’est alors que, ô miracle, un vent de folie furieuse s’empara à la fois du groupe et de la foule à mes côtés. Les titres s’enchaînèrent non-stop, avec une puissance et une vitesse qui m’ont ramenée 14 ans plus tôt.
Et même si Santiago joue parfois faux, si les choeurs de "Caribou" ne sont pas toujours très justes, si Big Frank n’extériorise pas vraiment ses sentiments, si Kim Deal joue tout en raideur,... la magie est là. Les Pixies ont toujours cette capacité incroyable à parvenir à mettre une ambiance de folie parmi leur public sans en faire des tonnes sur scène. Excellent choix des morceaux joués sur scène puisés ça et là parmi les quatre albums du groupe avec de vraies surprises comme "The Sad Punk" qu’on entend rarement en live.
Au-delà de cette prestation incroyable, on pourra retenir la complicité retrouvée entre les membres du groupe (notamment Kim Deal et Frank Black), un plaisir certain à jouer ensemble et à rencontrer un nouveau public mêlé d’anciens fans aguerris et de plus jeunes fougueux. On peut espérer que ces concerts aboutissent à l’envie de composer à nouveau ensemble et pourquoi pas rêver d’un nouvel album des Pixies version 2005.