A Propos

Rubriques

lundi 20 août 2007

Smashing Pumpkins - Foire aux Vins, Colmar (19/08/2007)


Petit jeu de massacre en règle


Depuis quelques jours les articles se succèdent que ce soit dans la presse « sérieuse » ou sur la plupart des webzines pour nous narrer la prestation plus que laborieuse voire pathétique de Billy Corgan et de son groupe au festival de la Route du Rock. N’ayant jamais été une fana absolue de ce groupe, même dans mes années lycée, j’allais les voir à Colmar d’abord par curiosité et aussi parce que, au risque d’en étonner beaucoup, j’avais bien accroché à quelques titres du dernier album Zeitgeist. Alors c’est sûr qu’avec un bouche à oreille pareil il fallait être très motivée ou alors complètement désespérée (sans doute la bonne réponse) pour faire 2 h de route AR et aller voir une Diva sur le retour, dont la prestation ne serait de toute façon pas folichone.
Après les échos sur les caprices du groupe lors du festival malouin (service d’ordre renforcé, réquisition de la grande scène empêchant les groupes de faire leurs balances, envoi d’un mec du festival dans une épicerie fine parisienne ( !!) pour ramener l’eau minérale norvégienne de Billy...), je redoutais les pires choses pour Colmar ... Une seule première partie était prévue. Ce sont les strasbourgeois de Los Disidentes del Sucio Motel qui ouvrent la soirée. Et ce n’est pas mal du tout : une sorte de Eagles Of Death Metal alsacien, un bon rock stoner avec un gros coup de cœur pour une fort jolie balade “Lea”. Affaire à suivre ....
Seulement, alors que l’ambiance commence à prendre doucement autour de la scène, le chanteur étant tout juste en train de nous annoncer la venue d’un de leur pote pour interpréter un morceau, voilà qu’apparaissent une bonne quinzaine de gros bras du staff des Pumpkins. Je me dis « wahoo très fort , quelle mise en scène, ça en jette , la vache ! » Heu, en fait on venait signifier de façon assez directive et un peu humiliante aux jeunes strasbourgeois qu’une vingtaine de minutes ça suffisait et qu’il était temps de mettre en place la scène pour les Pumpkins ! Du coup chose surréaliste : Los disidentes tout penauds et apparemment très déçus sont virés comme des malpropres de la scène.

Une putain de tête à claques


On tente de vite oublier ce petit incident pour se concentrer sur la prestation desSmashing Pumpkins. Alors il y a un peu de tout dans ce concert on navigue entre le très bon et le archi mauvais. Première chose, nous avons droit àColmar à des jeux de lumières d’un goût plus que douteux (un peu comme les tenues de Billy, ce mauvais goût excentrique kitsch américain). Tout le début du concert est en partie parasité par des spots et néons vert et rose fluos dignes des plus mauvais manèges de la foire à neuneu. C’est d’autant plus ridicule qu’après avoir vu 4 jours plus tôt les fabuleux effets stroboscopiques du concert des Nine Inch nails à Avenches, la comparaison est terrible pour les Smashing Pumpkins. On ne va pas se laisser abattre par ce jeu de lumières calamiteux, surtout que le set est drôlement bien parti avec un “Tonight Tonight” qui ravit déjà tous les trentenaires aux tee shirt souvenirs délavés à force d’avoir trop été portés depuis ces 15 dernières années. S’ensuit l’un des meilleurs morceaux du nouvel album, le puissant “Tarantula” (d’ailleurs l’une des bonnes choses de ce set aura été l’intercalation plutôt judicieuse d’anciens morceaux du groupe avec les nouveaux forcément moins accessibles et moins prisés par le public). La première fausse note arrive au quatrième titre, alors que le public est vraiment bien motivé, que ça bouge dans tous les sens, Billy Corgan nous assène un morceau à l’effet soporifique désastreux, avec une intro instrumentale longue, très longue, trop longue, cherchant un peu du côté des Doors et d’un “Riders on the Storm” euthanasié ou d’un Led Zep sous Temesta. Pour tout dire ça baille de tous les côtés, et mon voisin de gauche plutôt bon public se penche pour me confier un « Qu’est ce que c’est chiant !!!!! ». Oui c’est vrai... ce n’était pas une réussite et là d’un coup me reviennent en tête toutes les chroniques du Monde, de Libé, de Chronicart et je me dis qu’on peut déjà se satisfaire d’avoir écouté trois bons titres.
En fait cela sera juste une fausse alerte comme il y en aura deux autres au cours de la soirée, trois tentatives plutôt ratées de nous faire partager des moments doux, mais avec un tel manque d’émotions et surtout avec des morceaux pas vraiment terribles qui font retomber l’ambiance au bout de trois accords. Il faudra aussi faire avec les humeurs de monsieur Corgan : le préposé aux guitares qui se fait passer un savon pour des problèmes d’accordage, la claviériste qui subit les foudres du maître, alors qu’elle commence une mélodie piano Billy Corgan lui lance un foudroyant « STOP ! Try again ! » et ce sur un des morceaux les plus mauvais de la soirée, comme quoi il aurait mieux valu ne même pas refaire l’intro.
Mais il y eut quand même de sacrés bons moments avec des valeurs sûres du groupe dans les registres doux réussis “To Sheila” , “Thrity three” et du côté plus remuant l’excellent “Muzzle”, “Today ” et “Bullet With Butterfly Wings” et “1979 ” tous deux réorchestrés de manière intéressante. Parmi les nouveaux titres “7 Shades Of Black” et surtout “United States” ont été plus que convaincants. Lors du rappel les Smashing concluront la soirée avec le morceau “Heavy Metal Machine” rappelant qu’à la base les Smashing Pumpkins ont été un sacré bon groupe rock avant de sombrer dans des méandres musicaux plus qu’incertains.
Billy Corgan n’a pas la fibre généreuse, alors du coup on n’apprécie pas une soirée comme celle-ci à sa juste valeur. Nous avons tout le temps cette impression étrange comme chez certains commerçants de déranger. On serait presque en train de s’excuser d’être venu. Billy Corgan est comme ces gosses doués capricieux qui croient que tout leur est dû, une vraie tête à claques surtout lorsqu’il se lance dans des solos de guitares laborieux et prend son petit air ravi. Il s’est pourtant montré très souriant par moment et restera même 5 minutes sur scène le concert terminé pour remercier tout le public ... ah j’oubliais : il est resté SEUL sur scène, au cas on où n’aurait pas encore compris les Smashing Pumpkins c’est lui !