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dimanche 10 avril 2011

Chapelier Fou - Le Molodoï, Strasbourg (08/04/2011)


Quoiqu’en pensent certains (et c’est leur droit), je persiste en revendiquant haut et fort le fait que l’album 613 de Louis Warynski (alias Chapelier Fou) restera pour moi l’une des oeuvres les plus marquantes et remarquables de l’année 2010. Album magique d’où jaillissent toutes sortes de morceaux mêlant classique et musique expérimentale, chacun empreint d’une poésie musicale fort émouvante. Evidemment l’idéal fantasmé pour rencontrer une première fois ce jeune artiste en concert serait sans doute un lieu calme, feutré, intime... On se doutait bien en se rendant au Molodoï pour une soirée co-produite par les associations LARKIPASSet PELPASS que ce serait tout à fait un autre cadre. Qu’importe ! L’intérêt est de pouvoir enfin croiser Chapelier Fou et si il y a du monde (et il y en eut entre groupies et proches du messin) tant mieux. Alors il faut faire avec... et passer outre les bavardages d’un public bruyant, les délires alcoolisés de types tellement bourrés qu’ils ne différencieraient même pas un set de la Compagnie Créole de celui de Chapelier Fou et s’accommoder des relents de fritures (?!) qui envahissaient par moment le fond du Molodoï. Quand on sait à quel point l’artiste que l’on veut voir est génial, notre capacité à l’indulgence devient alors phénoménale. Le grand Louis monte sur scène arborant un tee-shirt d’Arnaud Michniak du meilleur effet (J’ai le même !!). Premier étonnement : je savais le garçon proche de Matt Elliott(vues leurs multiples collaborations) j’ignorais qu’il puisse être fan deMichniak. A moins qu’Ici d’Ailleurs ne possède encore quelques stocks de tee-shirt invendus qu’il refile à ses artistes. Bref on s’en fout. Chapelier Fou en vrai est un personnage aussi surréaliste que ses morceaux. Sur une scène presque trop grande pour lui, on observe un gaillard tout effilé, presque désarticulé. On croirait faire face à un pantin ou un automate. Dans son mètre carré d’instruments à la fois classiques (le violon) et électroniques, le garçon s’affaire sans relâche et nous offre quelques moments de pur bonheur comme cette version très réussie de "Darling darling darling". Pas l’ombre d’une déception de mon côté tant je saisis, malgré les conditions, la qualité du set proposé. C’est une magie sonore portée par la grâce et la fragilité presque adolescente de Chapelier Fou qui envahit un temps un Molodoï effervescent. Il y aura d’autres occasions, d’autres endroits pour apprécier encore mieux les réalisations de cet artiste talentueux.