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jeudi 12 février 2009

Leila - La Laiterie, Strasbourg (11/02/2009)


On aurait... mais non

On aurait eu envie de parler de la fort passionnante deuxième première partie Filastine : projet d’un percussionniste français basé à Barcelone qui sévit sur scène avec un caddy contre lequel il s’excite à coup de baguette sur fond électronique.
On aurait pu s’énerver contre cette troisième première partie qui nous fut imposée avec les simplistes Tahiti 80. Pas vraiment méchants les bougres, mais proposant des morceaux rock pop limite variété détonants pour ceux qui étaient venus voir Leila. On avait vraiment envie d’être patients pour profiter au mieux d’un concert tant attendu qui ne devait, du coup, ne débuter qu’à 22 h 45 (apparemment La Laiterie avait décidé de faire un mix de deux soirées différentes, en proposant deux séries de concerts sur deux salles communicantes, faute de spectateurs ?). Tahiti 80 a fait l’effet d’une douche froide après la prestation tellement réussie de Filastine. Quand l’enthousiasme est plus présent sur scène que dans la salle il y a de quoi se poser des questions. Ils sont gentils ces garçons et on est même très étonné de voir à quel point il peuvent prendre tant de plaisir à jouer... ça ! Quelques minutes de leur prestation auront réussi à mettre à mal la patience pourtant bien motivée d’une grande partie du public venu pour Leila faisant se désemplir la salle club au fur et à mesure qu’approchait le concert de Leila dans la salle adjacente.

Plus tard je ferai Leila Arab.

Voir Leila Arab sur scène c’était une grande première, un vrai concert de musique électronique c’était aussi une grande première. De constater que les platines avaient été positionnées si loin en fond de scène, juste au bas d’un écran géant sur lequel défilaient déjà des animations aux superbes graphismes rappelant la pochette de l’album Blood, Looms And Blooms : c’est étrange.
Le concert commence, on la devine déjà installée dans son antre, on l’aperçoit passant un bout de tête derrière les platines et les énormes enceintes. C’est une très belle femme, qui porte ce soir là une robe verte et un chemisier blanc. Une sorte de madame tout le monde, que l’on pourrait croiser chez le commerçant du coin, avec qui on pourrait parler éducation de nos enfants, du temps qu’il fait. Une dame ! Pas un génie de la musique électronique ! Elle virevolte de gauche à droite, manie les boutons et devient maîtresse du son. Ce son qui envahit alors la laiterie. Le morceau “Mettle” interprété dès le début du set emporte le public présent dans une quasi transe.
Débutant par quelques sons légers, doux, la tension ne cesse de monter. Elle, pourtant si frêle, parvient à imposer dans cette grande salle de la Laiterie toute sa puissance électronique. Nous ne sommes même pas sous son charme ; nous sommes carrément bluffés par les réelles compétences de cette artiste. Viennent se relayer sur le devant de la scène, dans l’interprétation vocale de quelques titres, sa grande sœur Roya Arab qui se montre nettement plus loquace et très à l’aise face au public strasbourgeois, ainsi que deux autres interprètes : féminin et masculin (dont les noms m’échappent pour être honnête).
Pendant ce temps-là, sans dire un mot, Leila est là tout derrière et s’affaire. Elle quitte la scène sur un long morceau qui s’achève en des textes inlassablement répétés. Elle réapparaîtra furtivement juste le temps de se cacher derrière ses platines pour nous gratifier d’un magnifique sourire.
Un peu comme une fée, elle disparaît de nouveau discrètement et définitivement. Elle nous laisse alors des tas d’images magiques qui défilent dans notre inconscient et le doux son les accompagnant qui ne nous quittera qu’au moment de l’endormissement.