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lundi 2 février 2009

Of Montreal - La Laiterie, Strasbourg (01/02/2009)


C’était un Dimanche...
Et un dimanche en Alsace c’est loin d’être le moment le plus jouissif de la semaine. Quand en plus il fait froid, qu’on a la flemme de pointer le bout de son nez au dehors, il y a de quoi fortement déprimer. Mais c’est sans compter sur les programmations admirables de La Laiterie qui a eu pour ce premier jour de février l’excellente idée de faire venir un des groupes les plus hallucinants du moment. Of Montreal, ceux qui les ont vus sur scène, en parlent toujours des étincelles plein les yeux, le sourire ébahi ou de manière fort passionnée. Of Montreal c’est d’abord le projet de Kevin Barnes qui décida de nommer son groupe ainsi en hommage à une ex-petite amie qui arborait cette expression en tatouage. Personnage fantasque, lui et sa troupe ont pour habitude de présenter en live non pas des concerts mais des spectacles toujours plus surréalistes. A la lecture, chez mes amis du Hiboo, de ce que fut le concert de la veille auBataclan (Chronique de Juliette), l’impatience atteint des sommets au moment de rejoindre la salle strasbourgeoise.
...comme on n’en connaîtra jamais d’autres.
Après les petits illuminés du clavier de Casiokids, leurs sons électroniques et leurs rythmes bien dansants, le show Of Montreal peut alors débuter !
Entre sur scène un personnage au masque de Tigre et c’est parti pour une heure trente de grand guignol. Kevin Barnes incarne une version rock du clown triste : chemises à jabot aux couleurs improbables, yeux cernés de bleu, vernis rouge sur les doigts de la main gauche, chaussures rouges à ruban de petites filles toutes étincelantes... En le découvrant dans ces divers costumes, recouvert de mousse à raser, d’une peau de bête insufflant de la fumée, on hésite entre le risible et la pitié. L’extravagance du leader d’Of Montreal est d’autant plus déconcertante qu’il semble en même temps empli d’une grande tristesse et mélancolie dans ses regards et sa manière quasi automatique de présenter les morceaux. Le groupe démarre fort avec l’un de leurs titres phares : “She’s a rejector”. En fond de salle, sur un écran, défilent tour à tour des vidéos des membres du groupe et des dessins animés babas cool très années 70’s. Dès le deuxième morceau débutent les réjouissances. Tout au long de la soirée vont se succéder des saynètes et la venue sur scène de personnages fort étranges et parfois indéfinissables. Un sentiment inquiétant nous saisit : c’est un peu comme si on retrouvait nos 6 ans, qu’on était devant un spectacle de Chantal Goya mais face à une version gore de Pandi Panda. Entre les cochons, un tigre apparemment méchant, des pauvres gens, un exorciste, des démons noirs, des créatures vaporeuses rouges et j’en passe, il sera difficile de donner une quelconque signification à tout ce qui défile sous nos yeux. On comprend bien qu’il s’agit de l’œuvre des quelques âmes perturbées mais les nôtres ne le sont sans doute pas suffisamment pour donner du sens à l’incompréhensible. Paradoxalement s’opère dans le public un décalage étonnant. Alors que sur scène on rivalise de fantaisie les spectateurs sont d’une sagesse dont rêverait toute maîtresse d’école : pas un ne bouge ! Il faudra attendre le milieu du set et le passage de quelques membres déguisés du groupe pour provoquer une vague de pogos qui ne cessera qu’en toute fin de concert. la folie scénique s’empare alors de la salle de la Laiterie et ne la quittera pas.
Pendant ce temps-là, le groupe (oui il ne faudrait quand même pas oublier que nous sommes là à un concert rock) enchaine la vingtaine de titres de la soirée sans relâche. Quasiment tout l’album Skeletal Lamping sera présenté. Le concert s’achève sur une reprise hypnotique de “Smell like teen spirits” laissant aux spectateurs une impression étrange.
Étions-nous là à un concert ou une sorte de spectacle rock hybride ? Musicalement l’interprétation des titres est loin d’avoir été grandiose. On se demande si Kevin Barnes et ses compères ne cherchent pas à noyer la médiocrité du passage en live de leurs morceaux dans un excès d’effets en tout genre : entre les saynètes, les vidéos, les tenues excentriques de Barnes... on a du mal à rester attentif et à apprécier l’ensemble. Le moment est plaisant : on s’amuse bien mais cela ne restera pas la claque musicale live de l’année : c’est une évidence !