"J’ai 37 ans, c’est normal à cet âge d’être cassé par la vie." Voilà en quelques mots la réponse que fait Matt Elliott à ceux qui s’interrogent sur le titre de son dernier album : The Broken Man. Pour suivre le grand bonhomme depuis quelques temps déjà, l’avoir apprécié de nombreuses fois en concert et m’intéresser de près au personnage, Matt Elliott est certainement l’artiste le plus humain et parmi les plus sensibles que je connaisse. Ses précédentes réalisations dans l’univers dark folk ont toujours été sombres, puissantes, tendues et imprégnées d’émotions extrêmes. C’est encore plus le cas à l’écoute de The Broken Man et ses morceaux dépouillés où l’on retrouve une guitare aux mélodies hispaniques, un clavier pesant, un chant grave et quelques autres petites choses comme des tintements de cloches ou des esprits fantomatiques ("How To Kill A Rose"). A la lecture du nom de certains morceaux comme "If anyone tells me ”It’s better to have loved and lost than to never have loved at all”, I will stab them in the face" on pourrait craindre un album où ne règnent qu’aigreur et désespérance. Le morceau "Dust, Flesh and Bones" où Matt nous répète inlassablement "This is how it feels to be alone, just like we’ll die alone"aurait de quoi devenir l’hymne de tous les dépressifs de la planète.
Loin d’attirer la compassion et sombrer dans le misérabilisme d’un homme esseulé, Matt Elliott parvient en musique et en mots à rendre magnifiques ces moments où le vide n’a jamais pris autant de place. C’est un homme à fleur de peau qui a choisi de muer colère et amertume en une énergie créatrice de talent au service d’un album d’une beauté émotionnelle rare. Faut-il aussi souffrir pour apprécier The Broken Man ? Pas forcément. C’est là le talent de Matt Elliott : parvenir à toucher même les moins fragiles d’entre nous.
En écoute et en lecture l’un des plus beaux morceaux de ce début 2012 :
Some things are so dark that woe betide the light that shines on them
I swear to god I thought it was a sign
This shallow grave recedes with every darkened patch of sky
The withered, wearied features start resembling mine
And in the disparate clamour of the chaos that surrounds you
It’s hard to know which of the voices that you hear
Are your own
I swear to god I thought it was a sign
This shallow grave recedes with every darkened patch of sky
The withered, wearied features start resembling mine
And in the disparate clamour of the chaos that surrounds you
It’s hard to know which of the voices that you hear
Are your own
Some things scar your heart so deeply that a howl is not enough
To adequately purge the soul of pain
Still you yearn for contact but the burden that you shoulder means
you’ll never trust a living soul again
And in the disparate clamour of the chaos that surrounds you
It’s hard to know which of the voices that you hear
Are your own
This is how it feels to be alone, just like we’ll die alone
This is how it feels to be alone
This is how it feels to be alone
This is all that we can call our own
Dust flesh and bone
This is how it feels to be alone
Just like we’ll die alone