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lundi 13 février 2012

Michel Cloup (duo) - Stimultania, Strasbourg (12/02/2012)


Nul besoin de revenir sur l’appréhension émotionnelle qui accompagnait mon impatience de retrouver Michel Cloup en concert. Ce dimanche, à l’invitation de Hiéro ColmarMichel était venu, avec son acolyte d’Experience,Patrice Cartier, présenter au public strasbourgeois son album solo Notre Silence. Un album à forte charge émotive pour une soirée qui le restera à bien des niveaux avec un après concert des plus particuliers (merci Pierre).
Dans la galerie Stimultania où pour quelques heures encore se trouvaient accrochées les photographies d’Algérie de Pierre Bourdieu, à l’endroit même où mes gamins d’école s’affairaient 48h plus tôt à réaliser des carnets de voyage,Michel Cloup et Patrice (la partie "duo" de l’aventure) avaient posé leurs instruments. Une soixantaine de personnes avait fait le bon choix d’affronter le froid pour venir se réchauffer cette fin de journée dominicale dans l’atmosphère toujours conviviale du Stimultania. Mélange de générations entre les quadras et plus, "Diabolo-nostalgiques", les trentenaires qui vibraient au son d’Experience et quelques plus jeunes ou autres curieux venus découvrir l’artiste ou le projet solo de Michel dont les nombreux retours élogieux impressionnent même le toulousain.
L’album est grave et la crainte de passer une soirée émouvante certes mais affectivement pesante est bien réelle. Une angoisse bien vite oubliée par les premiers mots prononcés par Michel Cloup, il évoque la perte, la tristesse qui ont inspiré ses morceaux mais assure qu’il ne va pas proposer quelque chose de triste. Avec ses mots, tout aussi justes que les paroles de son album, il nous convie à son voyage. La tension guitare-batterie surpasse les propos auxquels on s’accroche beaucoup moins que lors d’écoutes personnelles. Entre chaque titre les phrases de Michel se veulent légères tout en gardant un caractère grave, il explique le cheminement du voyage morceau après morceau (et moi-même je comprends enfin la signification véritable d’ "Un film américain" qui m’avait jusqu’alors échappé). En même temps il nous laisse la possibilité de nous approprier chacun de ses morceaux avec nos propres expériences liées à la perte, au chagrin ou toutes ces petites réjouissances de vie. Au delà d’une simple présentation live des pistes de Notre silence, le duo propose des moments aux sonorités expérimentales intenses presque aussi douloureuses que les paroles que Michel nous a assénées pendant plus d’une bonne heure. C’est la fin du set lié à l’album avec cette idée tellement réjouissante que la fin aussi cruelle soit-elle, on a toujours moyen de la transformer dans notre cœur et notre âme.
La fin justement, elle n’est pas tout à fait pour maintenant. Michel Cloup reviendra et offrira deux beaux cadeaux au public encore présent. En véritable solitaire il s’essayera à un morceau inédit. La thématique semble au premier abord nettement plus joyeuse puisqu’il s’agit presque d’une magnifique déclaration d’amour à la femme qui partage sa longue vie de couple (et sans doute tortueuse) mais pour laquelle Michel ne cesse de répéter "nous vieillirons ensemble" (ou quelque chose de ce genre, fichue mauvaise mémoire !). Plus réjouissant ou peut-être pas pour ceux et celles qui ont perdu la foi dans l’utopie du couple qui dure. Quoi qu’il en soit ce morceau, tout comme ceux de Notre Silence, mêle paroles intenses et mélodies puissantes. Pour clore de manière encore plus magique une soirée qui restera inoubliable c’est un retour aux sources avec une reprise d’un titre de Diabologum [que je n’aurais jamais cru possible il y a encore 6 ans tant évoquer LE GROUPE dont on devait taire le nom sur un certain forum semblait donner de l’urticaire à un Michel qui se nommait KoolMike - bises nostalgiques à mes ex-compagnons de l’Exp(army) ;) ]. Nous étions quelques-uns sourire bêta, larme à l’œil, près de 15 ans de moins au compteur à ne perdre aucune seconde de ces paroles extraites d’un #3 album mythique & hymne intemporel.