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mercredi 28 novembre 2007

Liars- La Maroquinerie, Paris (27/11/2007)


Photo Robert Gil
Silence on filme !
Liarsliarsliars... cela faisait plus d’une année que j’espérais voir un jour ce groupe sur scène. Découverts et adorés avec l’album Drum’s not dead, album écouté, réécouté en boucle toute l’année, jusqu’à l’arrivée de l’excellent album éponyme Liars. Il était hors de question de rater ce groupe lors de sa tournée française. La date strasbourgeoise ayant été repoussée maintes fois jusqu’à être carrément annulée et bien je verrais Liars quand même quitte à faire un aller retour Strasbourg-Paris de folie en pleine semaine d’école. J’arrive dans uneMaroquinerie pleine à craquer au beau milieu de la première partie du trioHTRK. Le groupe d’ouverture ne se veut pas très festif, l’ambiance de la soirée est donnée ! HTRK propose une musique sombre, lourde dans une atmosphère dense, avec une chanteuse torturée dont la voix rappelle étrangementSiouxsie. Une première partie plutôt sympathique contrairement à l’avis de quelques apprentis comiques ne cessant de railler gratuitement ce groupe lors de la pause ! Mais de toute façon, moi, nous, le public de la Maroquinerie nous sommes venus là pour voir et entendre le phénomène Liars... Enfin les voilà, et comme on filme juste à côté, chut, silence ...
Et là c’est le choc !
Alors comment vous expliquer, ce sentiment de stupéfaction qui m’a saisie lors de l’arrivée du groupe sur scène et durant l’interprétation des premiers morceaux. Disons que depuis que j’ai découvert le groupe de Angus Andrews, je n’ai fait qu’écouter leurs albums sans même jeter un œil sur des photos de concert et surtout sans jamais avoir vue une vidéo live du groupe. Alors comme cela arrive pour tout ce que l’on ne connaît qu’en partie, on imagine ce que l’on ne connaît pas. Donc pendant plus de un an au fil des écoutes de Liars , dans un délire pour le moins inexplicable, je me suis imaginée l’inimaginable : Liars = une bande dépressifs notoires. L ’atmosphère quasi oppressante des morceaux, la noirceur, l’intensité des percussions, ces sons presque tribaux, le chant grave ... tout cela a fait que je pensais le groupe austère sur scène, présentant ses morceaux de manière dépouillée. Je les imaginais bien chacun dans leur coin, habillés de noir ou du moins en tenues très sombres, camouflés derrière des nuages de fumées interprétant sobrement et solennellement les morceaux deDrum’s not dead. ALORS, alors, alors lorsque j’ai vu arriver sur scène cette grande gigue de Angus Andrews habillé en costume trois pièces dans un blanc flashant , tortillant des fesses dans tous les sens et grimaçant à la manière d’unJim carrey, quand j’ai vu se mettre derrière la batterie un Julian Grossportant une doudoune rose fluo recouvrant un gilet en crochet porté sur des collants en lycra jaune fluo ... je me suis alors demandée « mais qui sont ces types ? » Car pourtant c’étaient bien les morceaux de Liars que j’entendais. Et bien voilà : point d’austérité ! Il faudra que je m’y fasse : quand on assiste à un concert de Liars on n’entre pas dans une communion obscure en écoutant sagement les morceaux du groupe. Non ! On assiste carrément à un show quasi-comique. Et encore le groupe, d’après ce qu’on m’en dira le concert achevé, était bien sage par rapport à d’autres prestations données précédemment. Les morceaux joués sont ceux des deux derniers albums. Le public est plutôt sage, très sage, peut-être est-ce là le propre du public parisien ou d’uneMaroquinerie un peu trop remplie. Il faudra attendre “Plaster Casts of Everything” en fin de concert pour que ça bouge pas mal dans la salle. Les morceaux sont ponctués d’interventions décalées de Angus, gesticulant théâtralement dans tous les sens. Et malgré toutes ces simagrées, les interprétations des morceaux sont impeccables et gardent toute l’intensité qu’elles ont sur disque. Lors du dernier rappel le concert s’achèvera sur le magnifique, l’émouvant, l’intense “The Other Side of Mt. Heart Attack” dans une version hélas beaucoup trop courte, pour un concert beaucoup trop court lui aussi.

mercredi 31 octobre 2007

Arnaud Michniak - Point Ephémère, Paris (31/10/2007)

On prend les mêmes ...


... et on recommence. Rerebelotte pour cette troisième rencontre avec Arnaud Michniak et son compagnon de route le guitariste R. Cette fois nous voici auPoint Ephémère pour la deuxième fournée de concerts de Michniak solo. L’été est passé depuis notre rendez-vous du triptyque et quelques indiscrétions de l’été et des premiers concerts de la rentrée nous laissent à penser qu’une bonne surprise devrait nous attendre au cours de la soirée. Les toulousains sont seuls ce soir pour présenter ce fameux projet Films/slams/sons comme on dit sur la plaquette promo Ici D’ailleurs. Le set étant toujours aussi court il sera suivi de la projection sur grand écran du DVD Appel ça comme tu veux. Première satisfaction à mon arrivée sur place , en plus de retrouver avec plaisir les mêmes habitués des concerts de Michniak et d’en rencontrer enfin d’autres, la salle me paraît nettement mieux adaptée que ne l’était le triptyque et sa mini scène avec petit écran sur trépied. Cette vraie scène est assez spacieuse et l’écran en fond suffisamment grand pour mettre en valeur les images extraites du DVD. Les fétichistes de la caméra s’affairent pour capter le concert pendant que la salle se remplit correctement.

Vers une mue Agent Réel


La disposition de scène reste inchangée, R. sur notre gauche Arnaud devant à droite. Les morceaux s’enchaînent comme pour les concerts précédents. Comme je l’espérais les images passent nettement mieux qu’en juin dernier et se marient de manière beaucoup plus efficace aux textes de Poing Perdu. On sent les deux hommes nettement plus à l’aise dans leur prestation , cela n’enlevant rien à la hargne naturelle de Michniak dans son phrasé particulier et l’intensité des textes de son album solo. “Mourir Idiot” sera encore proposé avec des arrangements très différents de la version album et même (si je ne me trompe pas) différents de ceux proposés au triptyque. Le set se termine avec le morceau extrait du DVD. Arnaud Michniak nous propose alors de faire un rappel direct, pas besoin de partir : on enchaîne. Et on se prend une sacrée claque en pleine figure, nous ne sommes plus face à Arnaud Michniak solo mais face à un être hybride qui est en train de se muer en ce que sera le futur Programme. Le morceau “Agent Réel” qu’Arnaud nous interprète est en effet un inédit de ce que sera le futur Programme et ça promet, ça donne envie d’être déjà en 2008 pour écouter tout cela ! Sur une boucle répétitive techno - hip hop (enfin quelque chose dans ce genre...) Arnaud assène un flow des plus revendicatifs où se répète ce passage « Je suis Agent réel, je suis agent réel ; AGENT REEL !! .... » De la folie pure ce morceau, si bien que Arnaud pris dans la fougue de cet inédit ira jusqu’à lever le poing ... juste devant le torse soit et durant disons 10 longues secondes ! mais bon le geste était suffisamment beau et fort pour le noter ! Que dire de plus si ce n’est que, malgré cet inédit, tout ceci nous laisse encore sur notre faim. C’est que nous en voudrions encore plus du Michniak ! 35 minutes ce n’est vraiment pas suffisant ! Mais il faudra nous en contenter, Arnaud croisé rapidement après le concert nous le dira : « On ne pourra jamais faire plus long que ce soir ! Pour cela il faudra attendre Programme » Et bien nous serons patients et en attendant on va essayer de grappiller deci delà encore un peu de Michniak solo.

Une autre vidéo du concert Journal des Visages Flous à voir dans la chronique de l’album Poing Perdu

lundi 20 août 2007

Smashing Pumpkins - Foire aux Vins, Colmar (19/08/2007)


Petit jeu de massacre en règle


Depuis quelques jours les articles se succèdent que ce soit dans la presse « sérieuse » ou sur la plupart des webzines pour nous narrer la prestation plus que laborieuse voire pathétique de Billy Corgan et de son groupe au festival de la Route du Rock. N’ayant jamais été une fana absolue de ce groupe, même dans mes années lycée, j’allais les voir à Colmar d’abord par curiosité et aussi parce que, au risque d’en étonner beaucoup, j’avais bien accroché à quelques titres du dernier album Zeitgeist. Alors c’est sûr qu’avec un bouche à oreille pareil il fallait être très motivée ou alors complètement désespérée (sans doute la bonne réponse) pour faire 2 h de route AR et aller voir une Diva sur le retour, dont la prestation ne serait de toute façon pas folichone.
Après les échos sur les caprices du groupe lors du festival malouin (service d’ordre renforcé, réquisition de la grande scène empêchant les groupes de faire leurs balances, envoi d’un mec du festival dans une épicerie fine parisienne ( !!) pour ramener l’eau minérale norvégienne de Billy...), je redoutais les pires choses pour Colmar ... Une seule première partie était prévue. Ce sont les strasbourgeois de Los Disidentes del Sucio Motel qui ouvrent la soirée. Et ce n’est pas mal du tout : une sorte de Eagles Of Death Metal alsacien, un bon rock stoner avec un gros coup de cœur pour une fort jolie balade “Lea”. Affaire à suivre ....
Seulement, alors que l’ambiance commence à prendre doucement autour de la scène, le chanteur étant tout juste en train de nous annoncer la venue d’un de leur pote pour interpréter un morceau, voilà qu’apparaissent une bonne quinzaine de gros bras du staff des Pumpkins. Je me dis « wahoo très fort , quelle mise en scène, ça en jette , la vache ! » Heu, en fait on venait signifier de façon assez directive et un peu humiliante aux jeunes strasbourgeois qu’une vingtaine de minutes ça suffisait et qu’il était temps de mettre en place la scène pour les Pumpkins ! Du coup chose surréaliste : Los disidentes tout penauds et apparemment très déçus sont virés comme des malpropres de la scène.

Une putain de tête à claques


On tente de vite oublier ce petit incident pour se concentrer sur la prestation desSmashing Pumpkins. Alors il y a un peu de tout dans ce concert on navigue entre le très bon et le archi mauvais. Première chose, nous avons droit àColmar à des jeux de lumières d’un goût plus que douteux (un peu comme les tenues de Billy, ce mauvais goût excentrique kitsch américain). Tout le début du concert est en partie parasité par des spots et néons vert et rose fluos dignes des plus mauvais manèges de la foire à neuneu. C’est d’autant plus ridicule qu’après avoir vu 4 jours plus tôt les fabuleux effets stroboscopiques du concert des Nine Inch nails à Avenches, la comparaison est terrible pour les Smashing Pumpkins. On ne va pas se laisser abattre par ce jeu de lumières calamiteux, surtout que le set est drôlement bien parti avec un “Tonight Tonight” qui ravit déjà tous les trentenaires aux tee shirt souvenirs délavés à force d’avoir trop été portés depuis ces 15 dernières années. S’ensuit l’un des meilleurs morceaux du nouvel album, le puissant “Tarantula” (d’ailleurs l’une des bonnes choses de ce set aura été l’intercalation plutôt judicieuse d’anciens morceaux du groupe avec les nouveaux forcément moins accessibles et moins prisés par le public). La première fausse note arrive au quatrième titre, alors que le public est vraiment bien motivé, que ça bouge dans tous les sens, Billy Corgan nous assène un morceau à l’effet soporifique désastreux, avec une intro instrumentale longue, très longue, trop longue, cherchant un peu du côté des Doors et d’un “Riders on the Storm” euthanasié ou d’un Led Zep sous Temesta. Pour tout dire ça baille de tous les côtés, et mon voisin de gauche plutôt bon public se penche pour me confier un « Qu’est ce que c’est chiant !!!!! ». Oui c’est vrai... ce n’était pas une réussite et là d’un coup me reviennent en tête toutes les chroniques du Monde, de Libé, de Chronicart et je me dis qu’on peut déjà se satisfaire d’avoir écouté trois bons titres.
En fait cela sera juste une fausse alerte comme il y en aura deux autres au cours de la soirée, trois tentatives plutôt ratées de nous faire partager des moments doux, mais avec un tel manque d’émotions et surtout avec des morceaux pas vraiment terribles qui font retomber l’ambiance au bout de trois accords. Il faudra aussi faire avec les humeurs de monsieur Corgan : le préposé aux guitares qui se fait passer un savon pour des problèmes d’accordage, la claviériste qui subit les foudres du maître, alors qu’elle commence une mélodie piano Billy Corgan lui lance un foudroyant « STOP ! Try again ! » et ce sur un des morceaux les plus mauvais de la soirée, comme quoi il aurait mieux valu ne même pas refaire l’intro.
Mais il y eut quand même de sacrés bons moments avec des valeurs sûres du groupe dans les registres doux réussis “To Sheila” , “Thrity three” et du côté plus remuant l’excellent “Muzzle”, “Today ” et “Bullet With Butterfly Wings” et “1979 ” tous deux réorchestrés de manière intéressante. Parmi les nouveaux titres “7 Shades Of Black” et surtout “United States” ont été plus que convaincants. Lors du rappel les Smashing concluront la soirée avec le morceau “Heavy Metal Machine” rappelant qu’à la base les Smashing Pumpkins ont été un sacré bon groupe rock avant de sombrer dans des méandres musicaux plus qu’incertains.
Billy Corgan n’a pas la fibre généreuse, alors du coup on n’apprécie pas une soirée comme celle-ci à sa juste valeur. Nous avons tout le temps cette impression étrange comme chez certains commerçants de déranger. On serait presque en train de s’excuser d’être venu. Billy Corgan est comme ces gosses doués capricieux qui croient que tout leur est dû, une vraie tête à claques surtout lorsqu’il se lance dans des solos de guitares laborieux et prend son petit air ravi. Il s’est pourtant montré très souriant par moment et restera même 5 minutes sur scène le concert terminé pour remercier tout le public ... ah j’oubliais : il est resté SEUL sur scène, au cas on où n’aurait pas encore compris les Smashing Pumpkins c’est lui !

vendredi 17 août 2007

Festival Rock Oz’Arènes 2007

Festival Rock Oz’Arènes - Avenches - 15/08/2007


Dans le cadre magnifique de Avenches, dans un amphithéâtre romain, on nous proposait ce mercredi une programmation à tendance metal et indus avec comme point d’orgue le concert des Nine Inch Nails.

Après moults péripéties pour accéder jusqu’au site, on pénètre dans l’enceinte du festival et déjà sur la scène de l’amphithéatre le groupe de metal indus suisse Samael est en place. Le chanteur Vorph, à la voix gluturale qu’on croirait sortie d’outre-tombe, nous interprète des morceaux qui ravissent les fans de metal présents dans l’arène. C’est parfois caricatural : le chant anglais est un peu poussé, les paroles semblent extraites d’une pub pour téléphonie mobile (one nation, generation, connecting people) mais l’ensemble reste sympathique.

Nous sommes ensuite invités à aller du côté de la scène du château afin de découvrir celle qui nous est présentée comme la nouvelle PJ Harvey (la nouvelle PJ Harvey de la journée devrais-je préciser vu que chaque jour voit sur notre planète l’émergence d’une ribambelle de nouvelles PJ Harvey, il suffit souvent de peu de choses : être une fille, savoir chanter avec un joli timbre de voix, avoir un guitare à la main). Cette jeune lyonnaise au doux nom de Vale Poher se produit donc seule sur scène. Elle a certes une jolie voix, manie bien la guitare mais voilà elle ne restera pas la révélation du festival. Et ce qu’elle révélera surtout chez moi c’est qu’il est l’heure d’aller se sustenter. Petit intermède gastronomique fort agréable, surtout que sont présents dans l’enceinte du festival de nombreux stands aux mets plus appétissants les uns que les autres.


C’est alors dans l’arène que nous découvrons un trio australien au nom plutôt évocateur Devastations. Invités au festival par NIN, nous nous attendions à un rock sombre et mélancolique, il s’est agi d’une succession laborieuse (oui laborieuse !! quand on tente de gagner 2 minutes entre chaque titre histoire d’en faire moins le temps imparti c’est assez révélateur) une succession donc de morceaux dignes de berceuses pour nouveau-nés : pour ne pas dire simplement que c’était vraiment chiant ! Ce groupe a quand même réussi l’exploit de vider en moins de 20 minutes une arène archi comble même si il a commencé à très légèrement décoller sur le dernier morceau. « Impressionnant !! » nous assénera le présentateur de la soirée, c’est bizarre mais ce n’est pas l’adjectif qui me serait venu d’emblée en tête …moi j’aurais plutôt conclu par un « Vraiment décevant ! ».

Allons ce n’est pas le moment de se démoraliser et on file vers la scène casino où se produisent les landais de GOJIRA (que certains qualifient de Death Metal …. ou pas ! ). Quoiqu’il en soit, les morceaux proposés à Rock oz’Arènes extraits de leur album From Mars To Sirius sont loin d’être les plus mélodiques. C’est bien nerveux et ça plaît beaucoup au public de métalleux bien excités devant la scène.

C’est enfin au tour de la tête d’affiche Nine Inch Nails de prendre possession une heure et demi durant des arènes.

***

En raison de l’extrême puissance du mur d’éclairage aux stroboscopes de NIN, les personnes sensibles ou épileptiques sont invitées à s’éloigner de la Grande Scène...

Dans cette première journée du festival de Rock Oz’Arène au goût fortement métallique : les Nine Inch Nails ne comptent pas jouer petits bras et faire les pantouflards de service. En pleine tournée Year Zero , tournée ayant d’ailleurs débuté avant la sortie de l’album et qui devrait continuer encore quelques mois , le groupe de Trent Reznor vient poser son rock indus lourd dans les délicates arènes romaines de Avenches. DANS LE CONCEPT YEAR ZERO

Pour mon premier concert de NIN j’avais de quoi être un peu inquiète. Avec Year Zero le groupe est revenu à des morceaux beaucoup plus électro. indus et moins pop rock que ceux proposés sur le précédent With Teeth. Sur disque j’avoue avoir un peu plus de mal à entrer dans cet album concept et j’appréhendais vraiment un concert hermétique que seuls les fans absolus du groupe pourraient apprécier.

Le set débute justement par des morceaux de Year Zero (dont beaucoup de titres seront joués d’ailleurs) : “Hyperpower” met l’ambiance, Aaron North (la guitariste fou furieux qui fait virevolter sa guitare à la vitesse des lumières stroboscopiques des NIN) et Jeordy White et sa basse sont déjà sur scène , se démènent, l’attente monte ... mais où est donc Trent Reznor ?

Tout comme sur l’album Year Zero, l’instrumental “Hyperpower” est suivi de “Begining of The End” qui marquera l’arrivée sur scène du leader des Nine Inch Nails. Tenue de scène de rigueur toujours dans le concept de Year Zero. Petit aparté pour ceux n’ayant pas encore été plongés dans l’idéologie de cet album sombre et très conceptuel. « Year Zero décrit un futur (an 2022 ou Year Zero) pessimiste : le gouvernement américain est désormais totalitaire, drogue ses concitoyens pour les garder calmes , arrête et tue tous les "résistants" au régime. » Ambiance ....

Sur scène tous les membres du groupe portent donc une tenue quasi militaire : chemise bleue-anthracite, cravate et rangers au pied, Trent Reznor tout en muscle et toujours avec son visage bouffi par ses années de rédemption nous assène des « this is the begining... » tonitruants avec une présence physique déjà impressionnante pour ce début de set. DE L’INDUS ABSOLUMENT DIGESTE

Le groupe va alors proposer un set mêlant des morceaux audacieux de Year Zerocomme par exemple une version de “Survivalism” façon rock énervé assez folle avec quelques valeurs sûres du groupe : “The March Of Pigs”, “Closer”, “Eraser”.... Les orchestrations de début de set sont nettement plus rock indus lourd. En milieu de concert lorsque s’abaisse une grille de néons à effets stroboscopiques, Trent Reznor et deux autres membres de NIN se disposeront devant et enchaîneront les morceaux les plus électroniques de la soirée, avec notamment une version live très réussie de “The Great Destroyer”.

Les effets de lumières sont superbes, magiques, ça clignote dans tous les sens , les murs se font verts, brillants, argents, rouges.... Pour certains titres le groupe se retrouve carrément caché derrière ce mur clignotant comme derrière des barreaux. C’est parfois de toute beauté : une sorte d’œil géant semble se refermer à la fin de “Eraser”. Cette partie show du concert est assez exceptionnelle et vraiment bien conçue.

Le groupe quitte alors la scène après la mise à mort de sa guitare par Aaron , petit jeu habituel des fins de concert de NIN. Puis Trent revient, d’abord seul, pour interpréter aux claviers son magnifique “Hurt” , il sera rejoint sur le final du morceau par le reste du groupe. Le concert s’achèvera ainsi de façon douce, comme une remise au calme tranquille après les multiples « agressions » sonores et visuelles dont nous avons été les victimes consentantes toute la soirée.

samedi 28 juillet 2007

Arnaud Michniak - "Je suis très sympathique, on m’appelle Attila."


Un premier contact virtuel, mi-juin, au détour d’une vidéo que j’avais mise en ligne. Des premiers échanges mails. Et une envie, une grande envie de profiter de l’occasion pour tenter d’en savoir un peu plus sur Monsieur Arnaud Michniak. Alors une proposition (pas du tout indécente) qu’il a acceptée. Une rencontre rapide fin juin lors du concert parisien du Triptyque. C’est suite à tout cela qu’a été imaginée cette ITV un peu particulière, réalisée par échanges de mails. Essayer d’aller plus loin que de rituelles questions promo, essayer de mieux comprendre qui est l’homme de “Mille Voix” et du “Peuple sans visage”.Arnaud se livre à sa manière et on aime ça !
Sfar  : Bonjour Arnaud. Est-ce que ça va ?

Arnaud  : Ça va très bien, je ne suis pas là.

Sfar  : Les choses dont tu parles dans tes textes te semblent-elles universelles ?

Arnaud  : Non. Particulières et partielles. Un artiste honnête ne peut pas espérer beaucoup plus. C’est déjà bien d’arriver à dire quelque chose.

Sfar  : Quand on écoute tout ce que tu nous racontes depuis même Diabologum je me demande si il n’y a pas un moment où on a envie de céder au fatalisme ?

Arnaud  : Tant que je vis, je donne ma version. C’est ce fatalisme là qui me guette.

Sfar  : Est-ce que la paternité est une chose qui te préoccupe à bientôt 35 ans ou vis-tu tout cela sereinement ?

Arnaud  : C’est le cargo ou jalouse ?

Sfar  : Avais-tu conscience de l’attente qui existait chez les fans de Programme, le désarroi de certains à se dire qu’il n‘y aurait sans doute plus jamais rien musicalement ?

Arnaud  : Le désarroi va être encore plus grand quand on va revenir. On revient pour ça d’ailleurs. Epuiser le désarroi.

Sfar  : As-tu été satisfait de ce premier set (à Nancy) ?

Arnaud  : La satisfaction c’est pas mon job. Je ne suis satisfait ni de moi, ni de ce que je fais, ni de ce à quoi je participe. Ni de la manière tranchée avec laquelle je te l’explique. J’espère autre chose.

Sfar  : Tu sais sans doute qu’on a de toi l’image de quelqu’un d’arrogant, pas forcément très sympathique. A Paris je t’ai observé après le set dans ta relation avec les autres, ceux que tu connais ou ceux tu rencontres, on a même un peu parlé tous deux. Tu m’as paru être une personne très disponible, vraiment aimable. Alors, comment expliques-tu cette image qu’on a de toi : c’est une véritable rumeur sans fondement ou alors y a-t-il un fond de vrai et c’est toi qui aurais mûri, gagné en sérénité ces dernières années ?

Arnaud  : Je suis très sympathique, on m’appelle Attila. On peut avoir l’air très sympathique et vouloir tout cramer. Les gens de la télé ont l’air très sympathiques et ils crament tout. Je ne suis pas là pour me faire aimer, ni détester, mais pour exprimer quelque chose. Je vois pas pourquoi j’en voudrais plus au public qui vient me voir qu’à moi-même. Ça se passe comme ça depuis le début je crois. Je suis pas là pour leur tirer dessus, ou leur faire la leçon, ou leur prendre la tête, mais pour leur dire un truc auquel j’ai réfléchi, dans une forme que j’ai créée. C’est pas ma personnalité de toute façon. Ceci dit puis plus on me dit que j’ai l’air sympathique moins j’ai envie de l’être. Je dois avoir l’esprit de contradiction.

Sfar  : Je me demandais si pour bien marquer la différence album solo / album Programme tu avais particulièrement réfléchi à la structure du EP Poing Perdu en proposant cette intercalation de morceaux plus rock. As-tu eu peur qu’on te dise « mais en fait c’est du Programme sous le nom de Michniak ce que vous nous proposez ! »

Arnaud  : Le prochain Programme marquera bien la différence. J’ai surtout peur qu’on ne fasse que parler de Programme, de Michniak etc.. et pas de ce que ça implique tout ce qu’on raconte.

Sfar  : Comment t’est venue l’idée de mêler à la fois ton travail musical et vidéo sur scène ? Tu aurais très bien pu faire une prestation seulement musicale des morceaux du EP.

Arnaud  : Je dois faire différent et ne pas me contenter de ce qui vient de suite à l’esprit. Si je le fais pas je m’en veux et j’ai de nouveau envie de me taire.

Sfar  : D’autres dates sont prévues pour la fin d’année ?

Arnaud  : En octobre et novembre.

Sfar  : J’ai vu le DVD Appel ça comme tu veux. Il est construit en deux parties comme je l’explique dans la chronique. Une source sûre m’a confiée que la seconde partie correspondait à ce que tu avais présenté au public à Toulouse il y a un an, mais que cela avait été monté différemment. Qu’est ce qui a motivé ces changements ? Je suppose que tu aurais envie que ce film dépasse le stade de la diffusion DVD et qu’il puisse y avoir de vraies projections autrement que par des extraits lors de tes concerts, est-ce quelque chose d’envisageable pour les mois qui viennent ?

Arnaud  : Ça existe encore les sources sûres ?! Toutes les diffusions publiques du film montraient des montages différents. Ça me semblait être dans l’esprit du projet de le remonter à chaque fois. Sur quelques prochaines dates, il y aura aussi des projections organisées dans des salles de cinéma du coin, avec le montage Dvd cette fois. J’en ai marre de remonter. J’en ai marre de faire ce que j’ai dit. J’en ai marre de ne pas le faire aussi. J’en ai marre tout court.

Sfar  : Tu as dit dans d’autres ITV que la trame était très écrite. Au premier visionnage, surtout pour la première partie, on peut en douter, ça donne une idée un peu fourre tout, un peu comme si vous sortiez avec la caméra sans vraiment savoir ce que vous alliez filmer.

Arnaud  : On en doute mais c’est pourtant la vérité. Douter de la vérité c’est une qualité. Avoir conscience qu’on en doute, c’est un bon début pour se remettre à sa recherche... Ça y est je fais la leçon maintenant, c’est la fête.

Sfar : Tout ce que raconte Fredo Roman est quand même assez énorme, je n’arrive pas à croire qu’il puisse comme cela sortir de tels propos (très décalés et très corrosifs) même si on sait de quoi est capable l’auteur de Road Movie en Béquilles.

Arnaud  : Les slams étaient écrits. Minsky a écrit le sien. Et on a écrit avec Frédo le sien tous les deux. Frédo n’est pas aussi énorme pour pouvoir improviser tout ça, je te rassure. Il manquerait plus que ça !!!

Sfar  : Comment s’est fait le choix de tes trois camarades NonStop, Den’s et Hugo Minsky pour t’accompagner dans cette aventure ?

Arnaud  : Naturellement, on se voyait beaucoup. L’envie de les filmer a été un des points de départ du projet.

Sfar  : Alors heureux de te retrouver avec une actualité si riche et une telle effervescence autour de toi ? Ce n’est pas trop difficile à gérer cette hyperactivité soudaine ?

Arnaud  : Je suis hyper heureux, j’imagine que ça s’entend. Et sinon c’est dur, ouais. J’en peux plus. La vie d’artiste c’est vraiment trop dur...

Sfar  : Je crois que vous avez déjà écrit et composé quelques petites choses avec Damien, doit on s’attendre à quelque chose de très différent, d’encore plus audacieux ?

Arnaud  : Le ton de mes réponses est une bonne indication.

Sfar  : Merci beaucoup Arnaud, bons concerts. A bientôt.

mercredi 4 juillet 2007

Arnaud Michniak - Le Triptyque, Paris (28/06/07)


Presque trois mois après le concert de Nancy marquant le grand retour d’Arnaud Michniak sur scène, nous voici au triptyque de Paris pour retrouver le toulousain accompagné de son guitariste R. C’est que les dates de la tournée du monsieur sont plutôt rares, même trop rares. Alors une prestation deArnaud Michniak, pour ceux qui aiment, cela ne se rate pas. Le scénario prévu est le même que pour les concerts précédents : faire se succéder des moments de projections vidéos sur fond de jeu de guitares et samples puis des moments "concert" joués et slamés par Arnaud, les paroles répondant parfois aux propos des vidéos. Belle soirée en vue qui a bien failli tourner au drame : le lecteur DVD sur place ne lisant pas correctement les vidéos de Michniak ... une situation un peu fâcheuse vu que le concert repose en grande partie sur les vidéos extraites du DVD Appelle ça comme tu veux. Fort heureusement ce petit souci technique fut bien vite réparé grâce à une âme charitable qui voulut prêter son lecteur privé.

Des caméras partout...


La soirée débute par la musique folk électro experimentale de l’américain Bexar Bexar : un moment très doux et très agréable. Une ambiance à la Matt Elliottpour une prestation plus électro que folk. S’ensuit le set du groupe A Moi qui fut, m’a-t-on dit, excellent. Car je dois le confesser : j’ai séché ce passage de la soirée, trop occupée à faire enfin la rencontre de dame Vinciane en train d’affûter son appareil à faire de photos de stars pendant que d’autres préparaient du matériel filmant pour capturer le set de Michniak et de son guitariste Ronan. Enfin , enfin, E N F I N : Arnaud et Ronan prennent place sur la toute petite scène du Triptyque pour nous présenter un concert similaire à celui de Nancy. Des vidéos défilent, le flow de Arnaud se pose sur les accords de R. L’ambiance est vraiment étonnante dans cette salle, loin de tous les a priori concernant ce genre de soirée parisienne, généralement prétentieuse et froide. Il y a là une belle ambiance, très chaleureuse (un Arnaud tout sourire même si il semble un peu moins à l’aise qu’à Nancy), une grande attente, et l’impression de partager entre amis un moment privilégié. La prestation est, il faut bien l’avouer, un chouïa en dessous de celle de la capitale lorraine. Les conditions étant sans doute un peu moins bonnes : la qualité du son laisse à désirer, la scène trop petite ne met pas assez en valeur l’écran où défilent les vidéos. Arnaud a un peu de mal à bien caler son flow, il confessera même avoir raté quelques phrasés. Mais tout ceci n’est que chipotage parce que la musique est là, Ronan joue impeccablement, et puis il y a les textes de Michniak, plus personnels et dont les mots résonnent parfaitement avec les accords nerveux ou torturés des morceaux de Poing perdu. Et belles surprises : quelques morceaux sont interprétés différemment du concert de nancy, “Mille voix” et surtout “Mourir idiot” sont présentés dans des versions rock bien énervées. Voilà qui prouve queMichniak , malgré ses airs de grand garçon, ne s’est pas totalement assagi, qu’il garde en lui cette rage qui a fait l’âme de Programme. Un morceau inédit de l’album conclut le set, le texte vient du DVD Appel ça comme tu veux, il parle des tourments de l’enfance, de l’adolescence, il répond aux images qui sont projetées en fond de scène ; le moment est à la fois intense et émouvant. Le set se termine vite, trop vite ! Vraiment pour les prochains concerts il faudra veiller à rallonger tout cela, on reste un peu sur sa faim, on voudrait sauter sur scène, empoignerArnaud Michniak le remettre à son micro et l’obliger à nous faire encore 2 ou 3 morceaux.

Quand Monsieur rencontre Madame


Fort heureusement Arnaud n’est pas comme certains à s’enfuir une fois le set terminé ! En déambulant dans la salle du Triptyque on a quelque chance de le croiser. Beaucoup accostent Arnaud et R. pour leur donner leurs premières impressions, pendant que d’autres, simples anonymes, sont interpellés par des « mais tu ne serais pas ... ??? » ...bon je vous passe mon instant de gloire éphémère ! Puis grâce à notre sauveur de la soirée, pour qui je voue désormais une reconnaissance éternelle, Arnaud Michniak a pu rencontrer sa virtuelle et au combien sympathique moitié. S’ensuivirent des échanges de haute volée philosophique qui me permirent de constater que ce garçon est vraiment un être chaleureux, sympathique et étonnamment gentil. On a presque envie de dire « enlève ton masque imposteur ! Amenez moi le vrai Michniak, celui qui fait la gueule et se désintéresse de son public ». Michniak le méchant semble être une bien belle légende urbaine qui se véhicule de forum en topics depuis Diabologum et Programme. Cette soirée fut un très beau moment, un grand plaisir de retrouver Arnaud présenter son set audacieux. Avec maintenant une envie folle de revoir encore une fois tout ceci, peut être lors des concerts prévus pour la rentrée prochaine. Et cette fois je l’espère dans une salle idéalement adaptée et un set un peu plus long !

mardi 29 mai 2007

Zone Libre + Shellac - La Laiterie, Strasbourg (27/05/2007)


LA CHAIR EN VIBRE ENCORE
Il y a des tournées dont on sait qu’elles resteront une référence dans la carrière d’un groupe. Il y a des groupes dont les prestations sont telles qu’elles resteront à jamais gravées dans la mémoire de ceux qui les ont vues. Il y a des soirs où l’on vient voir une tête d’affiche, ici en l’occurrence Shellac sans trop se soucier de la première partie. Il y a des soirs où l’on est quand même content car cette première partie est alléchante ; ce qui est le cas Zone Libre qui rassemble ‘Sergiot’ Teyssot GayCyril Bilbeaud et Marc Sens ... du lourd et du très bon dans le paysage rock de ces dernières années. On s’attend à passer un bon moment mais on ne se doute pas qu’on va recevoir là une révélation musicale comme on en vit rarement dans sa vie. Certains curieux avaient déjà jeté une oreille sur l’album Faites Vibrer la chair ou sur quelques morceaux en écoute sur le myspace du groupe et venaient surtout en curieux. Apparemment, j’étais sans doute une des seules ce soir, à la Laiterie de Strasbourg, à être là avec une attente peut-être plus forte pour Zone Libre que pour Shellac. J’étais vraiment impatiente de découvrir enfin en live des morceaux tant appréciés sur disque.
Troisième et ultime date commune avec les Shellac, les premiers retours des concerts de Tourcoing et Paris sont déjà plus que bons : enthousiasmants que ce soit pour ceux qui légitimement ne peuvent qu’aimer le son Zone Libre mais aussi de la part de ceux dont la culture musicale ne les prédispose pas forcément à apprécier ce set instrumental audacieux de rock expérimental proposé par le groupe parisien. Avant même cette soirée de La Laiterie j’avais lu ça et là des propos fort élogieux sur les premières prestations du groupe : claque monumentale, puissance magistrale, le concert de l’année, une révélation scénique ... On se dit alors que l’on risque de vivre quelque chose de fort, de très fort. On espère surtout ne pas être déçu par une telle attente.
J’étais quand même un peu sur mes gardes, ayant tellement apprécié l’album et ses plages expérimentales, cet univers si particulier qui s’en dégage, cette atmosphère presque cinématographique je me disais qu’il serait impossible de pouvoir ressentir de telles émotions dans la froideur d’une salle de concert.
Lorsque les trois hommes entrent en scène La Laiterie est à peine remplie, on doit être une vingtaine à ne vouloir rien rater des premières secondes du concert de Zone Libre. Le concert débute entre les guitares de Teyssot Gay et deSens et la rythmique énergique de Bilbeaud, la salle ne cessera de se remplir et les retours du public seront de plus en plus chauds. Les premiers morceaux s’enchaînent tout naturellement si bien que personne n’ose applaudir. Je reconnais les transitions qui se font tout en douceur et ce ne sera que lors des différents changements de guitare de Serge Teyssot Gay que le public n’en pouvant plus saluera chaleureusement la prestation du groupe. Le son sur scène est d’une puissance folle, les morceaux interprétés en live sont transcendés par les jeux énergiques de Teyssot Gay et Marc Sens complètement habités par leurs instruments. Le jeu rythmique est hallucinant, Cyril Bilbeaud m’a carrément époustouflée dans sa manière de passer de moments tellement en retenu où il joue de grincements (plus ou moins agréables mais qui auront le mérite me de provoquer des tas de petits frissonnements) , où il manie des petits objets apportant une touche de douceur puis d’un coup d’un seul le voilà qui frappe comme un damné sur sa batterie avec une folie furieuse que je n’aurais jamais cru possible chez ce musicien. C’est sans doute ce qui m’a le plus passionnée dans cette prestation : ces variations d’atmosphères tantôt intimes, tout en retenu, puis une énergie et une puissance qui surviennent subitement.
Serge Teyssot Gay joue de ses guitares avec une grâce folle, il est là pieds nus, avec des déhanchements reptiliens au son de son instrument, il vit cette musique qu’il fait, elle l’habite, il n’est plus le Sergiot sautant en l’air dans tous les sens période Noir Désir, là tout se fait dans une douceur intense : une osmose entre le musicien et le son qu’il produit. J’avais peur que ce soit un peu trop froid sur scène, inaccessible au grand public, je pensais franchement que ce serait casse-gueule de présenter ce genre de travail en live. Mais cela est fait de telle manière, sans prétention avec une réelle qualité dans le son et un tel plaisir de jeu que forcément on adhère au concept et le public est charmé.
Chacun des trois membres reste dans son coin mais la connivence est là, Sens et Teyssot Gay respirent leurs accords. Marc Sens allie sa guitare aux archers et autres objets dont il a le secret. Cyril Bilbeaud titille les différentes parties de son instrument au moyen de baguettes. Tout ceci est assez amusant à observer. Ce qui est très touchant ce sont les regards que lance Teyssot Gay ça et là, des regards bienveillants il observe les accords de Sens, le jeu puissant de Bilbeaud comme pour montrer que ceci lui plaît, pour vérifier que ses acolytes partagent avec lui l’intensité des moments partagés. Il sourit à Cyril Bilbeaud, il s’imprègne du jeu de Marc Sens et tout ceci rend ce moment très beau. Le plaisir de jouer ensemble, cette émulation collective que l’on ressentait déjà sur l’album se concrétise là, juste devant nous sur cette scène
Pour avoir eu la chance d’échanger quelques mots avec Cyril Bilbeaud puis plus tard avec Monsieur Teyssot Gay, ces artistes sont à l’image de la musique qu’ils font : ils sont talentueux et généreux.
CAN YOU HEAR ME NOW ?
Après une première partie Zone Libre magnifique nous allions enfin voir Shellac : le Shellac de Steve Albini producteur et musicien surdoué, de Todd Trainer l’un des batteurs les plus déjantés de la planète et de leur compère bassiste-chanteur Weston. Avant le set, moment cocasse : Albini est sur scène en bleu de travail, il installe son matériel l’air de rien. Cela fait évidemment partie du show ou alors cet homme est d’une maniaquerie telle qu’il ne laisse le soin à aucun technicien de s’occuper de ses affaires. Mystère en tout cas. La place centrale en devant de scène est réservée pour la batterie : ça tombe bien c’est la prestation de Todd Trainer le batteur hallucinant et halluciné deShellac que j’attends de voir avec impatience. Les trois américains arrivent et ça démarre très fort notamment avec “Copper”. Ce qui est impressionnant avecShellac c’est ce son si particulier, un son « métallique » reconnaissable entre mille. On m’a expliqué que cela vient de la guitare et la basse qui sont des Travis Bean, avec un manche en alu à l’origine de ce son "grinçant", plein de médium auquel s’ ajoute les effets des amplis faits maisons. Les morceaux s’enchaînent et avec grand plaisir on savoure les valeurs sûres qui ont fait le succès de Shellac : une version très sympathique de “Prayer to god” (repris brillamment par le groupe toulousain Experience, je me permets de le rappeler dans cette chronique), “Canada”, “This is a picture”. Alors c’est sûr : le chant de Steve Albini est nettement moins bon que son jeu de guitare, mais il y a cet accent « ricain » qui fait un peu le charme de tout cela. Les morceaux sont entrecoupés de pauses « questions » un peu trop longues sans doute. Weston s’y colle sérieusement, il demande qui veut poser des questions et il répond, parfois Albini intervient de façon un peu décalée, ou Trainer y apporte une touche d’humour. Le concert de Shellac se transforme alors pour quelques minutes en un « threemen show » à l’américaine, et ça y va des blagues misogynes sur la longueur des jupes des françaises, américaines ou allemandes (proximité géographique oblige), on parle même de Sarkozy avec une intervention un peu étrange de Albini nous disant que cette élection ça craint mais que cela n’a pas trop d’intérêt car cela se passe en France ( !) Alors même si cela fait partie du show comme le dit Weston ces coupures sont un peu à double tranchant, pas mal de non anglophones un peu éméchés commencent à sérieusement s’agacer de ces longs discours en langue anglaise et râlent plus ou moins finement , ce qui n’est pas trop du goût de Steve Albini : « nous sommes au 21ème siècle il faut apprendre à comprendre l’anglais » dit-il, « si vous n’êtes pas contents vous pouvez partir ». Enfin, lors des plages musicales, l’ambiance redevient nettement plus détendue. Pour moi ce qui restera le clou de la soirée, c’est la prestation de “The End of the radio” avec le jeu incroyable de Todd Trainer se promenant sur scène caisse à la main pour assurer une rythmique terrible.
Beaucoup s’accordent à dire que lors de ces trois soirées Zone Libre - Shellac, la véritable claque surprenante a été Zone Libre. Pourtant, la très bonne prestation de Shellac, l’histoire de ce groupe, le charisme de ses musiciens font qu’un concert de Shellac reste aussi un concert inoubliable. Je ne pensais pas avoir cette chance un jour de les voir sur scène, c’est enfin arrivé et je n’ai vraiment pas à le regretter

jeudi 12 avril 2007

Arnaud Michniak - MJC Pichon, Nancy (06/04/2007)


Grand retour à la MJC Pichon


La seule et unique fois que j’avais entre aperçu Arnaud Michniak c’était en 1997 lors du festival un jour à Bordeaux. Il se produisait alors au sein du mythique groupe toulousain Diabologum. Puis Diabologum a cessé d’exister et Michniak a poursuivi sa route en rejoignant Damien Bétous dans l’aventure Programme. Seulement à cette époque-là, j’étais dans une autre vie : le monde merveilleux de la petite enfance et de la découverte des joies de deux maternités rapprochées. Mon quotidien rimait alors plus avec pédiatre qu’avec Michniak. Et ce sont quelques années plus tard, de retour à une réalité musicale autre que celle de Henri Dès et des teletubbies, que j’ai reçu comme une claque tout le travail de Arnaud Michniak. Dans la même semaine, j’ai écouté, assimilé, digéré Mon cerveau dans ma boucheBoguel’enfer tiède, et même le quasi-introuvable Génération finale. Ecouter Programme, les textes de Michniak, sa façon de déclamer cette vision réaliste, torturée, noire, enragée du monde, de notre quotidien, ça marque évidemment. Déjà dansDiabologum, Arnaud était un peu la face sombre du groupe toulousain avec des morceaux devenus au fil des ans de plus en plus dérangeants. Ma découverte récente de l’oeuvre de Michniak vira vite à l’amertume, car Programme étant alors en stand-by, il était impossible de voir le groupe en live. Amertume d’autant plus exacerbée, que sur le net circulaient quelques versions audio de concerts du groupe ainsi que deux extraits vidéos d’un live à la Boule Noire(bien connus d’un certain grand monsieur du Cargo !). Mais l’espoir de revoirProgramme sur scène était quand même là, je savais Michniak embarquée dans la longue production de l’album de son copain Fredo Roman deNonStop... et donc une fois cela abouti il allait forcément revenir sur scène. Surtout que rarement, je n’avais vu un artiste susciter une telle attente, mes aventures virtuelles m’ont permis de croiser la route de bon nombre de personnes dans une quête quasi-pathologique de quelques bribes de nouvelles concernant le toulousain. Les infos circulant à son sujet sont très rares : on savait juste qu’il s’était mis à faire de la vidéo, qu’il suivait une formation audiovisuel dans une fac toulousaine. Un jour un jeune homme me contacta même personnellement pensant, je ne sais pour quelles raisons loufoques, que j’étais à la ville Madame Michniak ! ....héhéhé .... Et puis il y a un an, un monsieur du Cargo ! (celui des vidéos) croisé sur l’éphémère forum Cargo nous conta cette terrible nouvelle : il avait croisé Arnaud à un concert parisien de NonStop .... et celui-ci semblait vraiment décidé à ne plus jamais refaire de musique pour lui, plus de scène non plus....Ses projets se limitant désormais à de la production et de la vidéo. Je me souviens parfaitement de ce sentiment qui me parcourut alors : des regrets mêlés à une grande tristesse d’avoir raté quelque chose d’inratable, de ne pas avoir été là au bon moment. Je m’étais résignée me disant qu’on avait déjà de très belles oeuvres à écouter et réécouter, qu’il était normal pour un artiste de cette trempe de vouloir sans cesse renouveler ses centres d’intérêts et ses productions, et que si l’aventure se transformait maintenant en aventure visuelle, on le suivrait sur ce terrain-là. Et puis, parfois la vie réserve de belles surprises et quasiment un an après ce deuil musical, le Cargo ! encore ! nous apprenait cette fois des nouvelles beaucoup plus réjouissantes : 2007 serait l’année du grand retour du toulousain sur scène, d’abord en solo avec un album en mai, avec deux premiers extraits (“1000 voix” et “Poing Perdu”) déjà très prometteurs et quelques premiers concerts en avril. Ce qui fut une aubaine pour la strasbourgeoise que je suis c’est que le grand retour de cet artiste mythique du label nancéen ici d’ailleurs ne se ferait ni à Toulouse ni à Paris mais à Nancy ...
Alors ce vendredi 6 avril, billet de train en poche, direction Nancy et sa MJC Pichon pour un apéro concert qualifié de « Slam Rock » !

Dernières minutes avant la délivrance


L’apéro étant offert pour toute arrivée avant 20 h , dès 19 h 30 le hall de la Mjc Pichon se remplit tranquillement. Avant d’entrer, je repère quelques personnes prenant la soleil sur une terrasse quelques étages plus haut, j’ai beau être loin je reconnais Arnaud Michniak en tee shirt vert et pull noir. Mon cœur commence à battre la chamade, je réalise que je suis proche de réaliser l’un de mes plus grands fantasmes scéniques de ces dernières années... Mais si j’étais super déçue ? et si Michniak était complètement insignifiant sur scène ? et puis ce sera son premier concert depuis des années, j’ai entendu tellement de choses sur son caractère, son attitude , si il était si désagréable, voire odieux avec le public à me dégoûter de réécouter Programme ? le doute m’envahit : et si je n’y allais plus ... allez, je repars à Strasbourg, comme ça je ne serai pas déçue... et puis non bon sang ! je suis à Nancy, après moult tractations familiales , j’en connais un qui risque de très mal prendre mon retour sans avoir été voir Michniak ! Je m’engouffre alors dans le hall, une jeune fille fort sympathique m’aborde me demandant si je viens aussi pour le concert « slam rock ». je lui explique que je viens même exprès de Strasbourg pour ça, celle-ci surprise me répond alors : « ah ?? mais il est connu ce type, ce Michniak ? » Ohlalalala, la malheureuse !! mais que me raconte-t-elle, comment a-t-elle pu vivre toutes ces années sans se douter de l’existence de « ce type » ? Je me lance alors dans une explication fort détaillée du pedigree du monsieur, DiabologumProgrammeetc ... Et on attend, je reconnais dans le hall quelques têtes strasbourgeoises, des fans, des vrais , qui ont aussi fait le déplacement, des gens en attente comme moi du retour du monsieur, des chanceux qui eux avaient pu le voir sur scène à l’époque programme. Puis m’arrive l’anecdote cocasse de la soirée, l’association organisant le concert, se met en place pour la vente des billets, je m’avance, quand les deux jeunes femmes préposées à la vente chuchotent, me regardent fixement et l’une d’elles me fait « excusez-moi, vous ne seriez pas Sfar ? Sfar de Myspace ? Je vous ai reconnu ! » Je suis perplexe : jusqu’à présent j’avais été la fille de, la femme de, la maman de, maîtresse .... Et là j’accède à un statut de reconnaissance sociale quelque peu étrange : « Sfar de Myspace » ! Enfin tout cela a le mérite de me faire patienter, car l’attente avant concert fut longue, très longue, trop longue ! C’est que le bel Arnaud se fait attendre. Et à 21 h 15 on nous invite enfin à accéder à la salle des réjouissances.

Enfin Arnaud face à Moi

Elle est très chouette la salle de la MJC Pichon : une toute petite salle assise, avec une très belle scène, c’est très classe. Un écran en fond de scène, une guitare et un micro côté droit. Une autre guitare et quelques appareils de bidouillages côté gauche certainement pour R (guitariste de Nonstop) qui accompagne Arnaud pour ses concerts. Nous sommes une bonne trentaine de personnes qui attendent sagement le retour de l’un des enfants les plus marquants de la scène rock indé française de ces dernières années. Les deux hommes arrivent ENFIN !Michniak est là, tout juste devant moi, il se dirige vers le micro le prend d’une main, croise l’autre bras sur son torse et attend, les yeux presque fermés, dans un moment de concentration intense. Je m’attendais à voir un petit teigneux, désagréable, l’air hautain, je me retrouve face à un petit garçon, absolument adorable, tout intimidé et qui attend là comme on passe l’oral du bac... La technique coince un peu : la vidéo a du mal à partir. Regards inquiets de R,Arnaud Michniak est impassible , dans une concentration extrême. La vidéo démarre, la guitare de R aussi, le concert débute avec le morceau “Poing Perdu” l’un des titres en écoute depuis déjà quelques semaines sur le site du label Ici D’Ailleurs. Et pendant que Michniak nous assène des phrases fortes qui ont fait la griffe de Programme, des images se succèdent en arrière plan : des plans loufoques, des choses rigolotes d’autres plus trash comme une nana qui vomit dans des toilettes. On reconnaît Michniak sur la vidéo qui se promène avec des potes dont Fredo Roman (NonStop) et pendant ce temps là le vrai Michniak, celui face à moi, assène « personne ne m’arrêtera puisque je ne vais nulle part ». A cela s’ajoutent des samples de bruits étranges, stridents, stressant rendant l’atmosphère particulièrement intense. Alors, étrangement à la fin de ce premier morceau, personne, je dis bien personne, n’ a osé applaudir. Il faut dire que pas mal de gens sont là parce qu’il y avait un apéro gratuit et je repense de suite à la jeune fille croisée dans la hall qui venait là voir du slam façon Grand Corps Malade ! c’est évident que cette entrée en matière a sans doute dérouté les gens qui n’avaient jamais entendu parler de « ce type ». Je découvre alors unMichniak que je n’imaginais absolument pas comme cela, jetant des regards complices à son guitariste, lui souriant entre chaque morceau. Dès le titre suivant le public se lâchera vraiment sur les applaudissements. Michniak nous sourira et nous remerciera très gentiment. La vidéo s’arrête et Arnaud prend ensuite sa guitare . Vont se succéder plusieurs morceaux beaucoup plus rock, à deux guitares. Ces titres presque tous inédits sont excellents, avec des riffs accrocheurs, des mélodies entêtantes sur lesquelles Michniak avec son phrasé hargneux formule si justement les maux de la société ou du quotidien. Un seul bémol pourtant pour “Mille Voix”, écouté et réécouté puisque c’était l’un des rares morceaux disponibles avant concert, un morceau qui perd un peu de sa force dans l’interprétation à deux sur scène.Mais l’ensemble des titres joués a gardé cette âme qui existait dans Programme, et nous sommes transportés par un duo de guitares d’une très grande efficacité. Le concert est presque terminé et je dois hélas partir, retour dans la capitale alsacienne oblige ! La soirée fut belle, très intense et loin d’être décevante. Je retiendrai surtout cette hargne verbale d’un Michniak heureux d’être là et de partager son retour sur scène avec nous. Un Arnaud Michniak qui me semble plus apaisé, complètement épanoui dans les différentes voix qu’il s’est choisies : que ce soit la vidéo ou le retour à la musique. Il me semble avoir atteint là une maturité et une complémentarité artistique qui lui faisaient peut être encore défaut à l’époque de Programme. Un peu comme si on ne l’avait jamais quitté ces dernières années, ce retour marque une belle continuité dans le parcours de cet homme, et aux vues des très nombreux projets qu’il prépare pour les prochains mois il va y en avoir des choses intéressantes à voir et à écouter de son côté.
Un concert de Arnaud Michniak , c’est quelque chose de rare. Un concert avec Arnaud Michniak, je n’en ai jamais douté et c’est maintenant une évidence : ça ne se rate pas.