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samedi 28 juillet 2007

Arnaud Michniak - "Je suis très sympathique, on m’appelle Attila."


Un premier contact virtuel, mi-juin, au détour d’une vidéo que j’avais mise en ligne. Des premiers échanges mails. Et une envie, une grande envie de profiter de l’occasion pour tenter d’en savoir un peu plus sur Monsieur Arnaud Michniak. Alors une proposition (pas du tout indécente) qu’il a acceptée. Une rencontre rapide fin juin lors du concert parisien du Triptyque. C’est suite à tout cela qu’a été imaginée cette ITV un peu particulière, réalisée par échanges de mails. Essayer d’aller plus loin que de rituelles questions promo, essayer de mieux comprendre qui est l’homme de “Mille Voix” et du “Peuple sans visage”.Arnaud se livre à sa manière et on aime ça !
Sfar  : Bonjour Arnaud. Est-ce que ça va ?

Arnaud  : Ça va très bien, je ne suis pas là.

Sfar  : Les choses dont tu parles dans tes textes te semblent-elles universelles ?

Arnaud  : Non. Particulières et partielles. Un artiste honnête ne peut pas espérer beaucoup plus. C’est déjà bien d’arriver à dire quelque chose.

Sfar  : Quand on écoute tout ce que tu nous racontes depuis même Diabologum je me demande si il n’y a pas un moment où on a envie de céder au fatalisme ?

Arnaud  : Tant que je vis, je donne ma version. C’est ce fatalisme là qui me guette.

Sfar  : Est-ce que la paternité est une chose qui te préoccupe à bientôt 35 ans ou vis-tu tout cela sereinement ?

Arnaud  : C’est le cargo ou jalouse ?

Sfar  : Avais-tu conscience de l’attente qui existait chez les fans de Programme, le désarroi de certains à se dire qu’il n‘y aurait sans doute plus jamais rien musicalement ?

Arnaud  : Le désarroi va être encore plus grand quand on va revenir. On revient pour ça d’ailleurs. Epuiser le désarroi.

Sfar  : As-tu été satisfait de ce premier set (à Nancy) ?

Arnaud  : La satisfaction c’est pas mon job. Je ne suis satisfait ni de moi, ni de ce que je fais, ni de ce à quoi je participe. Ni de la manière tranchée avec laquelle je te l’explique. J’espère autre chose.

Sfar  : Tu sais sans doute qu’on a de toi l’image de quelqu’un d’arrogant, pas forcément très sympathique. A Paris je t’ai observé après le set dans ta relation avec les autres, ceux que tu connais ou ceux tu rencontres, on a même un peu parlé tous deux. Tu m’as paru être une personne très disponible, vraiment aimable. Alors, comment expliques-tu cette image qu’on a de toi : c’est une véritable rumeur sans fondement ou alors y a-t-il un fond de vrai et c’est toi qui aurais mûri, gagné en sérénité ces dernières années ?

Arnaud  : Je suis très sympathique, on m’appelle Attila. On peut avoir l’air très sympathique et vouloir tout cramer. Les gens de la télé ont l’air très sympathiques et ils crament tout. Je ne suis pas là pour me faire aimer, ni détester, mais pour exprimer quelque chose. Je vois pas pourquoi j’en voudrais plus au public qui vient me voir qu’à moi-même. Ça se passe comme ça depuis le début je crois. Je suis pas là pour leur tirer dessus, ou leur faire la leçon, ou leur prendre la tête, mais pour leur dire un truc auquel j’ai réfléchi, dans une forme que j’ai créée. C’est pas ma personnalité de toute façon. Ceci dit puis plus on me dit que j’ai l’air sympathique moins j’ai envie de l’être. Je dois avoir l’esprit de contradiction.

Sfar  : Je me demandais si pour bien marquer la différence album solo / album Programme tu avais particulièrement réfléchi à la structure du EP Poing Perdu en proposant cette intercalation de morceaux plus rock. As-tu eu peur qu’on te dise « mais en fait c’est du Programme sous le nom de Michniak ce que vous nous proposez ! »

Arnaud  : Le prochain Programme marquera bien la différence. J’ai surtout peur qu’on ne fasse que parler de Programme, de Michniak etc.. et pas de ce que ça implique tout ce qu’on raconte.

Sfar  : Comment t’est venue l’idée de mêler à la fois ton travail musical et vidéo sur scène ? Tu aurais très bien pu faire une prestation seulement musicale des morceaux du EP.

Arnaud  : Je dois faire différent et ne pas me contenter de ce qui vient de suite à l’esprit. Si je le fais pas je m’en veux et j’ai de nouveau envie de me taire.

Sfar  : D’autres dates sont prévues pour la fin d’année ?

Arnaud  : En octobre et novembre.

Sfar  : J’ai vu le DVD Appel ça comme tu veux. Il est construit en deux parties comme je l’explique dans la chronique. Une source sûre m’a confiée que la seconde partie correspondait à ce que tu avais présenté au public à Toulouse il y a un an, mais que cela avait été monté différemment. Qu’est ce qui a motivé ces changements ? Je suppose que tu aurais envie que ce film dépasse le stade de la diffusion DVD et qu’il puisse y avoir de vraies projections autrement que par des extraits lors de tes concerts, est-ce quelque chose d’envisageable pour les mois qui viennent ?

Arnaud  : Ça existe encore les sources sûres ?! Toutes les diffusions publiques du film montraient des montages différents. Ça me semblait être dans l’esprit du projet de le remonter à chaque fois. Sur quelques prochaines dates, il y aura aussi des projections organisées dans des salles de cinéma du coin, avec le montage Dvd cette fois. J’en ai marre de remonter. J’en ai marre de faire ce que j’ai dit. J’en ai marre de ne pas le faire aussi. J’en ai marre tout court.

Sfar  : Tu as dit dans d’autres ITV que la trame était très écrite. Au premier visionnage, surtout pour la première partie, on peut en douter, ça donne une idée un peu fourre tout, un peu comme si vous sortiez avec la caméra sans vraiment savoir ce que vous alliez filmer.

Arnaud  : On en doute mais c’est pourtant la vérité. Douter de la vérité c’est une qualité. Avoir conscience qu’on en doute, c’est un bon début pour se remettre à sa recherche... Ça y est je fais la leçon maintenant, c’est la fête.

Sfar : Tout ce que raconte Fredo Roman est quand même assez énorme, je n’arrive pas à croire qu’il puisse comme cela sortir de tels propos (très décalés et très corrosifs) même si on sait de quoi est capable l’auteur de Road Movie en Béquilles.

Arnaud  : Les slams étaient écrits. Minsky a écrit le sien. Et on a écrit avec Frédo le sien tous les deux. Frédo n’est pas aussi énorme pour pouvoir improviser tout ça, je te rassure. Il manquerait plus que ça !!!

Sfar  : Comment s’est fait le choix de tes trois camarades NonStop, Den’s et Hugo Minsky pour t’accompagner dans cette aventure ?

Arnaud  : Naturellement, on se voyait beaucoup. L’envie de les filmer a été un des points de départ du projet.

Sfar  : Alors heureux de te retrouver avec une actualité si riche et une telle effervescence autour de toi ? Ce n’est pas trop difficile à gérer cette hyperactivité soudaine ?

Arnaud  : Je suis hyper heureux, j’imagine que ça s’entend. Et sinon c’est dur, ouais. J’en peux plus. La vie d’artiste c’est vraiment trop dur...

Sfar  : Je crois que vous avez déjà écrit et composé quelques petites choses avec Damien, doit on s’attendre à quelque chose de très différent, d’encore plus audacieux ?

Arnaud  : Le ton de mes réponses est une bonne indication.

Sfar  : Merci beaucoup Arnaud, bons concerts. A bientôt.

mercredi 4 juillet 2007

Arnaud Michniak - Le Triptyque, Paris (28/06/07)


Presque trois mois après le concert de Nancy marquant le grand retour d’Arnaud Michniak sur scène, nous voici au triptyque de Paris pour retrouver le toulousain accompagné de son guitariste R. C’est que les dates de la tournée du monsieur sont plutôt rares, même trop rares. Alors une prestation deArnaud Michniak, pour ceux qui aiment, cela ne se rate pas. Le scénario prévu est le même que pour les concerts précédents : faire se succéder des moments de projections vidéos sur fond de jeu de guitares et samples puis des moments "concert" joués et slamés par Arnaud, les paroles répondant parfois aux propos des vidéos. Belle soirée en vue qui a bien failli tourner au drame : le lecteur DVD sur place ne lisant pas correctement les vidéos de Michniak ... une situation un peu fâcheuse vu que le concert repose en grande partie sur les vidéos extraites du DVD Appelle ça comme tu veux. Fort heureusement ce petit souci technique fut bien vite réparé grâce à une âme charitable qui voulut prêter son lecteur privé.

Des caméras partout...


La soirée débute par la musique folk électro experimentale de l’américain Bexar Bexar : un moment très doux et très agréable. Une ambiance à la Matt Elliottpour une prestation plus électro que folk. S’ensuit le set du groupe A Moi qui fut, m’a-t-on dit, excellent. Car je dois le confesser : j’ai séché ce passage de la soirée, trop occupée à faire enfin la rencontre de dame Vinciane en train d’affûter son appareil à faire de photos de stars pendant que d’autres préparaient du matériel filmant pour capturer le set de Michniak et de son guitariste Ronan. Enfin , enfin, E N F I N : Arnaud et Ronan prennent place sur la toute petite scène du Triptyque pour nous présenter un concert similaire à celui de Nancy. Des vidéos défilent, le flow de Arnaud se pose sur les accords de R. L’ambiance est vraiment étonnante dans cette salle, loin de tous les a priori concernant ce genre de soirée parisienne, généralement prétentieuse et froide. Il y a là une belle ambiance, très chaleureuse (un Arnaud tout sourire même si il semble un peu moins à l’aise qu’à Nancy), une grande attente, et l’impression de partager entre amis un moment privilégié. La prestation est, il faut bien l’avouer, un chouïa en dessous de celle de la capitale lorraine. Les conditions étant sans doute un peu moins bonnes : la qualité du son laisse à désirer, la scène trop petite ne met pas assez en valeur l’écran où défilent les vidéos. Arnaud a un peu de mal à bien caler son flow, il confessera même avoir raté quelques phrasés. Mais tout ceci n’est que chipotage parce que la musique est là, Ronan joue impeccablement, et puis il y a les textes de Michniak, plus personnels et dont les mots résonnent parfaitement avec les accords nerveux ou torturés des morceaux de Poing perdu. Et belles surprises : quelques morceaux sont interprétés différemment du concert de nancy, “Mille voix” et surtout “Mourir idiot” sont présentés dans des versions rock bien énervées. Voilà qui prouve queMichniak , malgré ses airs de grand garçon, ne s’est pas totalement assagi, qu’il garde en lui cette rage qui a fait l’âme de Programme. Un morceau inédit de l’album conclut le set, le texte vient du DVD Appel ça comme tu veux, il parle des tourments de l’enfance, de l’adolescence, il répond aux images qui sont projetées en fond de scène ; le moment est à la fois intense et émouvant. Le set se termine vite, trop vite ! Vraiment pour les prochains concerts il faudra veiller à rallonger tout cela, on reste un peu sur sa faim, on voudrait sauter sur scène, empoignerArnaud Michniak le remettre à son micro et l’obliger à nous faire encore 2 ou 3 morceaux.

Quand Monsieur rencontre Madame


Fort heureusement Arnaud n’est pas comme certains à s’enfuir une fois le set terminé ! En déambulant dans la salle du Triptyque on a quelque chance de le croiser. Beaucoup accostent Arnaud et R. pour leur donner leurs premières impressions, pendant que d’autres, simples anonymes, sont interpellés par des « mais tu ne serais pas ... ??? » ...bon je vous passe mon instant de gloire éphémère ! Puis grâce à notre sauveur de la soirée, pour qui je voue désormais une reconnaissance éternelle, Arnaud Michniak a pu rencontrer sa virtuelle et au combien sympathique moitié. S’ensuivirent des échanges de haute volée philosophique qui me permirent de constater que ce garçon est vraiment un être chaleureux, sympathique et étonnamment gentil. On a presque envie de dire « enlève ton masque imposteur ! Amenez moi le vrai Michniak, celui qui fait la gueule et se désintéresse de son public ». Michniak le méchant semble être une bien belle légende urbaine qui se véhicule de forum en topics depuis Diabologum et Programme. Cette soirée fut un très beau moment, un grand plaisir de retrouver Arnaud présenter son set audacieux. Avec maintenant une envie folle de revoir encore une fois tout ceci, peut être lors des concerts prévus pour la rentrée prochaine. Et cette fois je l’espère dans une salle idéalement adaptée et un set un peu plus long !