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samedi 7 novembre 2009

Arctic Monkeys - Zenith, Paris (06/11/09)


Et de deux

Seconde soirée parisienne, dans un Zénith déjà plein à craquer, pour les tant espérés Arctic Monkeys. Au lendemain d’une première prestation déjà fort réjouissante, les Eagles of Death Metal ouvrent de nouveau le bal. Les quatre rockeurs déjantés proposent inlassablement leur heavy rock classique et énergique. Menés de bras tatoués de maître par un Jesse Hughes toujours en grande forme et revigorés après un after show la nuit précédente dans un bar de la capitale, Les Eagles Of Death Metal se régalent, sont taquins et coquins. Le jeune public en prend plein les oreilles dans une ambiance brute et presque caricaturale de groupe de rockeurs ricains. Du bon rock, de l’alcool, de la sueur, des tatouages, une prestation très mâle et sexy, voilà qui tranche bien avec le public juvénile et sage des Arctic Monkeys et avec un Alex Turner à l’actuel look d’adolescent romantique. Et pourtant il y a bien une logique à tout cela, un élément coordinateur : Josh Homme. Membre fondateur et accessoirement batteur des Eagles Of Death Metal. Il se trouve être le producteur du dernier album des jeunes Monkeys : Humbug. Les Eagles semblent alors se poser là comme les garants du vrai rock and roll et porter une bienveillance quasi paternelle sur ces jeunots qui vont leur succéder sur scène. Passage de flambeau aux Arctic Monkeys : représentants les plus fameux de la génération pop rock montante et déjà bien en place.

Vis ma vie de fan d’Arctic Monkeys

Une fois les Eagles sortis de scène, un curieux concours de circonstances m’amène à intégrer la fosse non loin de la scène. Fascinante expérience ethnico-sociologique pour une ancienne combattante que d’approcher le noyau dur des fans d’Arctic Monkeys. Quelques constats de prime abord : le fan garçon d’Arctic Monkeys semble mêler intimement son initiation Indie Pop Rock à quelques expérience capillaires parfois fort douteuses. Quelques coups d’œil environnants et l’on comprend immédiatement qu’il existe bel et bien une clientèle masculine pour tous ces gels coiffants et modelants vantés par quelques pubs grotesques. Devant moi un jeune homme me lance un regard, que je devine puisque caché derrière une frange ultra longue dont la tenue oblique raidie par un kilo de gel est du plus grand effet. Un autre, blond pour la peine, n’a semble-t-il jamais joué à Sonic sur console sinon il n’aurait jamais osé imiter la coiffure hérisson du personnage Megadrive. Dans l’ensemble de la foule masculine, les cheveux sont mi-longs savamment ébouriffés mais surtout maintenus de manière à ce que rien ne bouge même quand tout le reste du corps se secoue violemment. Le fan d’Arctic Monkeys est donc jeune, sage et bien coiffé. Beaucoup de jeunes filles composent les premiers rangs ; la bonne surprise réside dans leur pseudo self contrôle : l’excitation est grande mais point de comportements d’idolâtrie hystérique. On déplorera juste un "Ahhhh Ohhhh !! Mais ce sont les pieds des Arctic Monkeys !!!!!!" Lorsque le rideau rouge du Zenith laissera apparaître quelques chaussures appartenant vraisemblablement à quelques roadies sur scène. Le public est fort jeune et les textos écrits sous mes yeux ("Papa viens plutôt me chercher à 22h50") sont attendrissants. Sur ma gauche trois adolescents se préparent à vivre l’expérience de leur vie et élaborent déjà quelques techniques de guerre : "Bon alors dès que la lumière s’éteint on fonce devant la scène !", "Ah ouais ouais !!" répondent les deux autres qui trépignent d’impatience. Avec leurs trois poils au menton ils ne risquent pas de provoquer un mouvement de foule lors de leur progression nerveuse vers l’avant. D’ailleurs les pauvres bougres réussirent au final à gagner trois places ridicules lors des sautillements joyeux du public sur un “Brianstorm” épatant. Il reste encore beaucoup à apprendre aux jeunots quant à La progression hargneuse dans une fosse de concert. Le jeu de coudes dans les omoplates, le marchage sur pieds ne s’acquiert pas en un concert. Qui plus est un concert à l’ambiance gentille et fraiche. 

Fontaine de jouvence, jardin des délices

Quand les Arctic Monkeys entrent en scène, on croit presque à une erreur de casting. Qu’ils font jeunes en vrai les Monkeys, surtout Alex Turner et ses cheveux longs qui lui donnent l’apparence d’un ange du rock : mignon, fragile... Alors oui ils sont jeunes et pourtant ils font preuve d’une belle maturité dans leur prestation et leur interprétation. Le public est enthousiaste, les morceaux sont connus, archiconnus et défilent sans temps mort. Toute la foule sautille dans tous les sens, même à un mètre de la scène la jeune génération remue allègrement et gentiment. Les morceaux sont vraiment bons et l’ambiance fort sympathique. Techniquement les membres des Arctic assurent une prestation plus qu’honnête, que ce soit au chant ou à la batterie on est parfois bluffé par une telle maîtrise. Point d’orgue du set : un final au milieu de milliers de confettis blancs et ors propulsés dans le public.


Après plusieurs années d’attente et une curiosité grandissante de voir enfin les Arctic Monkeys sur scène, la soirée fut des plus enrichissantes. Cette expérience personnelle, pour l’instant unique et fort encourageante, pousse à vouloir rapidement renouveler l’aventure live avec ces jeunes hommes. Ce ne sont pas les occasions qui devraient manquer. Pensez donc : ils ont tout juste 23 ans, déjà trois albums, des tournées qui ne désemplissent pas... Tout est réuni pour souhaiter au groupe de durer et d’embrasser une carrière rock des plus époustouflantes. Ces garçons marqueront durablement l’histoire musicale si ce n’est déjà fait.