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dimanche 4 avril 2010

Scary Mansion + Le Loup - La Laiterie (04/03/2010)


Belle programmation ce jeudi soir dans la salle Club de La Laiterie. Deux des artistes les plus emblématiques de l’audacieux label bordelais Talitres nous faisaient le plaisir d’être présents : Scary Mansion pour débuter la soirée suivis par leurs compatriotes indie folkeux Le Loup.
Le cadre intimiste de la petite salle strasbourgeoise sied parfaitement à la prestation de Scary Mansion. Le groupe semble très à l’aise, sans doute ravi de partager une nouvelle fois l’affiche avec leurs collègues de label.Leah Hayes se pose devant nous avec ses deux acolytes. Toute fluette dans sa combinaison noire, son thunderstick en mains, la jeune femme se lance dans une interprétation très convaincante d’une grande partie des morceaux du dernier album du groupe : Make Me Cry. La batterie sait se montrer puissante dans les moments plus énergiques, la tension retombe dans les phases plus nostalgiques. Avec son brin de voix fragile Leah Hayes nous enchante et nous permet de débuter en toute beauté une soirée de grande qualité.

On attendait impatiemment Le Loup. Moi, le public mais aussi le batteur de Scary Mansion qui les rejoindra même sur scène pour faire de la rythmique sur un titre, quand il ne sera pas sur le côté à dodeliner de la tête. Deux albums, superbes, dont le dernier Family qui porte une bonne dose de frisson folk psychédélique. Empressement donc de découvrir les américains dans un cadre aussi intime mais quelques craintes malgré tout. Les morceaux sont plaisants, l’écoute agréable, de belles harmonies vocales mais sur scène ceci ne se révèlera-t-il pas un peu lassant et peu entrainant ? Les membres prennent place, un guitariste barbu, bonnet, chemise à carreaux, Sam Simkoff tee-shirt jaune Maryland avec un gros cerf dessiné dessus et des bâtons d’encens plantés dans une orange à la main. Tout est là pour créer une ambiance de communion indie folk entre morceaux planants, chants envoûtants. On s’attend à une grande douceur et du quasi recueillement. La surprise est de taille, le premier morceau débute à peine que le chanteur à lunettes se secoue dans tous les sens et joue d’un appareil qui crée des effets d’échos et de réverbération sur sa voix rendant son chant limpide. Il y a dans l’interprétation de Le Loup une énergie folle, des sons expérimentaux proches de ceux proposés pas un groupe comme Animal Collective et pourtant la prestation reste tout le temps digeste. La rythmique est efficace, entêtante, sauvage même. Les titres s’enchaînent avec un même dynamisme communicatif. Le morceau "Le Loup (Fear Not)" , véritable perle du premier album, est présenté dans une version majestueuse : d’abord une intro instrumentale quasi psychédélique suivie d’une montée en tension voix-instruments qui embrase carrément la salle. Pour une soirée tranquille on repassera : Le Loup décoiffe, emporte tout sur son passage. Sortes de mutants schizophrènes de l’indie folk ces américains surprennent par leur capacité à produire sur disque des morceaux déjà magiques mais plutôt calmes qu’ils transcendent complètement en un moment de folie furieuse musicale lors de leur passage sur scène.