Après une prestation parisienne remarquée lors du Pitchfork festival la veille, c’est un public strasbourgeois chanceux qui pouvait profiter des américains d’Animal Collective dans une Laiterie généreusement remplie. Le groupe est redevenu quatuor depuis le retour de Deakin auprès de ses compagnonsPanda Bear (dont les albums solos sont des petites merveilles), Geologistmuni de sa fameuse lampe frontale et l’étonnant Avey Tare. Une fois de plus ce n’est pas un concert au rabais auquel nous avons eu droit puisque (à moins que ma mémoire me joue des tours) nous avons eu la même setlist que celle qui fut jouée la veille dans la capitale.La scénographie étant elle aussi identique puisque nous étions plongés dans une bouche béante avec ses grosses dents lumineuses rappelant la pochette dernier album du groupe Centipede Hz. Depuis toujours les visuels (pochettes et scènes) sont confiés àAbby Potner sœur d’Avey Tare : à voir ICI les secrets de cette gigantesque bouche scénique.
Alors est-ce dû à cette bouche à la cavité animée et aux dents lumineuses ou au retour à 4 musiciens sur scène... cette prestation m’a semblé nettement plus vivante et enjouée que celle à laquelle j’avais assisté il y a quelques années au Bataclan. Le groupe ne prend plus des allures d’autistes statiques : Deakin etAvey Tare osant même quelques déplacements en milieu de scène. Beaucoup de morceaux du dernier album ont été joués avec après un démarrage léger sur "Rosie Oh", la première bourrasque de la soirée au son du tubesque "Today’s Supernatural". Comme l’assène Avey Tare sans répit :"Come on let-let-let-let-let-let-let-let-let-let-let-let go !" Alors c’est donc parti pour plus d’heure trente d’introspection dans l’univers si particulier d’Animal Collective. De "Wide Eyes" jusqu’à "Monkey Riches" en passant par le toujours entrainant "Honeycomb", les géniaux new-yorkais revisitent leurs titres récents et plus anciens en leur apportant des détails dans les textures et les arrangements live qui font le bonheur de ceux qui prennent la peine de s’imprégner de ces sonorités audacieuses et de se plonger sans retenue dans chacun des morceaux qui sont joués. Il existe de nombreux anti Animal Collective pour qui le groupe est depuis toujours surestimé, chouchou de Pitchfork qui les encense exagérément à chacune de leur réalisation. Si le doute peut subsister à l’écoute de leurs diverses réalisations, sur scène le groupe se révèle d’une efficacité redoutable distillant avec finesse leurs sonorités bizarro-complexes tout aussi captivantes sur des titres remuants que sur les morceaux nettement plus calmes. Alors oui jusqu’à l’interprétation d’un "Brother Sport" à l’introduction magistrale, le public était plus dans une forme de communion sage que dans une transe folle furieuse. Il aura fallu cet avant-dernier morceau avant les rappels pour que la Laiterie et son public s’agite dans tous les sans pour sautiller de concert avec un Arvey Tare ayant pris place au milieu de la scène.
"Peacebone" marquera la fin du concert permettant ainsi à tout le monde de reprendre ses esprits. Il y aura trois titres en rappels : "Cowebs" extrait de ce qui est pour moi l’une des meilleures réalisations du groupe : l’EP Water Curse. Histoire de remettre un peu de folie, le groupe enchainera avec l’énergique "My Girls" que beaucoup espéraient. Le concert s’achèvera finalement avec "Amanita" : choix étonnant. J’aurais trouvé plus judicieux d’inverser avec "My Girls" pour faire remonter tout doucement la tension et terminer avec la folie furieuse d’un morceau tout en agitation. J’avoue que même si "Amanita" est un titre intéressant, il y a eu un effet soufflé qui retombe un peu regrettable. Cela reste un détail pour un concert de très bon cru qui me conforte dans l’idée que les 4 bonshommes d’Animal Collective sont en tout point géniaux !
Setlist (selon mon souvenir à corriger le cas échéant)
Rosie Oh
Today’s Supernatural
Wide Eyed
Applesauce
Honeycomb
Lion in a Coma
Moonjock
Pulleys
New Town Burnout
Monkey Riches
Brother Sport
Peacebone
Rappels
Cobwebs
My Girls
Amanita